Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) s'est enfin décidé à répondre favorablement à la requête du Front Polisario relative à la disqualification de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, le Néerlandais Peter Van Walsum. Jeudi, Marie Okabe, la porte-parole de l'organisation onusienne a annoncé que le mandat de Van Walsum n'avait pas été renouvelé et que ce dernier serait bientôt remplacé. Avant cette annonce officielle, M. Peter Van Walsum avait indiqué que son mandat, expiré le 21 août, n'avait pas été renouvelé. Dans une tribune publiée par le quotidien espagnol El Pais, M. Van Walsum, qui avait remplacé, en 2005, son prédécesseur l'Américain James Baker à ce poste, a précisé qu'il s'exprimait en qualité d'ancien envoyé spécial personnel de M. Ban Ki-moon et que son mandat qui a touché à sa fin n'avait pas été renouvelé. Cette mise à l'écart incombe essentiellement à sa position tranchée en faveur du Maroc dans le conflit qui l'oppose au Front Polisario. Le diplomate néerlandais avait estimé, en avril dernier, que l'indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975, «n'était pas un objectif accessible». Malgré les protestations du Front Polisario, l'ancien envoyé spécial de Ban Ki-moon a récidivé dans les colonnes du journal espagnol El Pais en réaffirmant que, bien qu'elle soit conforme à la légalité internationale et aux textes de l'ONU, l'indépendance du Sahara occidental était «irréaliste». Ce parti pris a poussé le secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), à protester officiellement auprès du secrétaire général de l'ONU. Dans une lettre adressée à M. Ban Ki-moon, le 16 août dernier, le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, avait affirmé que M. Van Walsum s'est «totalement» disqualifié pour conduire toute négociation future entre le Front Polisario et le Maroc. «En adoptant une attitude délibérément promarocaine puisqu'elle conforte la position du Maroc qui ne conçoit de solution que dans le cadre de «la souveraineté et de l'intégrité territoriale du royaume», l'envoyé personnel se départit de l'attitude d'impartialité qui doit être la sienne et foule au pied la légalité internationale, se disqualifiant totalement pour la conduite future des négociations entre le Front Polisario et le Maroc», avait-il souligné. Le Front Polisario, en négociations avec le Maroc depuis juin 2007, avait exprimé son étonnement, sa «stupéfaction» et sa «désapprobation» à la suite de la déclaration faite en avril dernier par M. Van Walsum devant le Conseil de sécurité, soulignant qu'elle se démarque d'une manière «radicale» et «inacceptable» de la position traditionnelle des Nations unies sur cette question. La position de l'envoyé personnel du SG de l'ONU est, estiment les Sahraouis, «en porte-à-faux avec la ligne générale des rapports de M. Ban au Conseil de sécurité, y compris celui en date du 14 avril 2008». Rappelons que le Maroc et le Front Polisario ont entamé, en juin 2007, des négociations directes, sous l'égide des Nations unies, conformément à deux résolutions à savoir la 1 754 et 1 783 du Conseil de sécurité, dans le but de parvenir à une «solution politique qui respecte le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Quatre rounds de négociations ont déjà eu lieu à Manhasset sans avancée réelle. Le Maroc, comme à l'accoutumée, refuse de parler d'autres solutions que son plan d'autonomie pour le Sahara occidental. Une solution considérée par les Sahraouis comme nulle et non avenue. Cette discorde de fond a, une fois de plus, avorté les négociations. Les deux parties se sont mises, toutefois, d'accord pour se rencontrer pour un nouveau round de négociations. Même si la date de ce cinquième round reste encore non déterminée, il n'en demeure pas moins que le front Polisario vient de remporter une véritable bataille diplomatique. G. H