Le Front polisario signe une victoire diplomatique éclatante. Le mandat de M.Peter Van Walsum, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, n'a pas été renouvelé. Il a officiellement expiré le 21 août. Ban Ki-moon a décidé de ne pas le prolonger. L'information a été rapportée par le quotidien espagnol El Pais. Elle a été confirmée par l'intéressé dans les colonnes de ce même journal et publiée sous forme de testament politique. Van Walsum persiste et signe. L'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental avait déclaré en avril 2008 que l'indépendance du Sahara occidental «n'était pas un objectif accessible». Il récidive jeudi dans une tribune que lui a ouvert le quotidien espagnol El Païs: «Si le Polisario continue à exiger un référendum pour l'indépendance, le Maroc le rejettera de nouveau et le Conseil de sécurité de l'ONU va insister pour trouver un accord consensuel. Et rien ne changera». Peter Van Walsum n'a pas changé lui aussi. Et comme il a été écrit, par-ci par-là, interprété puis analysé, les déclarations de l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies ne ressemblent en rien à une «bourde». Il assume donc puisqu'il réitère dans le même ton ses précédents propos. Oui! Van Walsum a bien roulé pour Mohammed VI. C'est ce que nous affirmions dans ces même colonnes il y a un peu plus de quatre mois. Tendons plutôt l'oreille du côté de la capitale du Royaume cherifien. L'envoyé personnel de Ban Ki-moon y est plutôt bien vu. Une lapalissade bien sûr. «M Van Walsum a accompli sa mission avec un très grand niveau d'objectivité et de sérieux...Et nous ne concevons pas un retour aux années stériles qu'avait connues le dossier», a déclaré le porte-parole du gouvernement et ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri. Et dans la foulée, il souligne: «Il a eu le courage de dire ce que tous les sages du monde reconnaissent, à savoir que la création d'un sixième Etat (dans la région du Maghreb) relève de l'absurde.» Un aveu qui est sans aucun doute annonciateur d'un durcissement des positions du Royaume marocain. Les prochaines négociations seront ardues. Les négociateurs saharouis sont avertis. Ils le savent. Pour le moment, ils savourent cette bataille diplomatique qu'ils ont livrée et gagnée. L'éviction de Van Walsum: condition sine qua non de la tenue d'un cinquième round des négociations. «Van Walsum était de parti pris en faveur du Maroc après avoir déclaré que l'indépendance du Sahara Occidental est une option irréaliste» ont déclaré à l'unisson les représentants du Front Polisario. Dans ses «impressions» livrées à El Païs, Van Walsum semble avoir mis un peu d'eau dans son vin. «Le long et complexe problème du Sahara occidental n'est pas insoluble», confie-t-il. Une concession de taille est préconisée par l'envoyé spécial de l'ONU pour mettre fin à une question de colonisation qui dure depuis plus de trente ans. La seule sortie possible de crise serait que le Polisario renonce à une indépendance totale, a suggéré le diplomate néerlandais. Les Saharouis ne pourront l'entendre de cette oreille. Ils ne jurent que par la légalité internationale. L'application des résolutions 1754 et 1783 votées par le Conseil de sécurité. Elles doivent assurer la tenue d'un référendum et donner le droit au peuple saharoui de s'autodéterminer. Le départ de Van Walsum le favorisera-t-il? Dans tous les cas, Ban Ki-moon aura débarrassé les Sahraouis d'une épine.