Les Sud-Soudanais étaient nombreux hier à se rendre aux urnes pour se prononcer par référendum sur leur indépendance et décider ainsi d'instaurer ou non le nouvel Etat indépendant d'Afrique. Ce référendum historique, attendu depuis plus de 50 ans, a été toutefois marqué par des violences qui ont perturbé le premier jour de ce scrutin décisif pour la partition du plus vaste pays d'Afrique. Selon la commission chargée d'organiser cette consultation populaire, «au moins huit personnes sont mortes dans des affrontements entre tribus rivales dans l'enclave disputée d'Abyei, tandis que des heurts entre rebelles et soldats sud-soudanais ont eu lieu dans une zone pétrolière frontalière du Nord».Les affrontements se sont produits dans l'Etat d'Unité, où des heurts avaient déjà eu lieu vendredi et samedi. «Il y a eu des combats à cause de miliciens mais on m'a assuré que la situation avait été maîtrisée», a déclaré Chan Reec à la presse. «Je suis optimiste sur le fait que cela n'aura pas d'impact sur le processus électoral», a-t-il ajouté, en précisant ne pas disposer d'informations sur d'éventuelles victimes. Plus tôt, le porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), Philip Aguer, avait affirmé que la situation était calme hier. «Il n'y a pas eu de nouveaux heurts aujourd'hui dans l'Etat d'Unité. La situation est calme à travers tout le Sud-Soudan», avait-il dit. A Juba, la capitale du Sud-Soudan, l'affluence et la liesse étaient telles que les organisateurs se sont plaints de la longueur des queues devant les bureaux de vote dont la plupart ont fermé à 17h0 (14h0 GMT). Toutefois plusieurs sont restés ouverts une heure de plus pour accueillir les électeurs. «C'est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient», a déclaré le leader sudiste Salva Kiir après avoir voté à Juba, en saluant la mémoire de John Garang, chef de la rébellion sudiste décédé en 2005 peu après avoir signé la paix avec Khartoum. Environ quatre millions de Sudistes, au Sud-Soudan mais aussi dans le Nord et à l'étranger, sont appelés à voter, jusqu'au 15 janvier, pour le maintien de l'unité ou la sécession. Les résultats définitifs sont attendus d'ici la mi-février. Le taux de participation est déterminant pour l'issue du scrutin : il faut qu'au moins 60% des électeurs inscrits votent afin que le résultat soit valide. «C'est le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire du Soudan, et un chapitre très important», a indiqué le sénateur américain John Kerry à Juba. L'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui observe le processus, a espéré que «toutes les parties respecteront les résultats lorsqu'ils seront annoncés». Le président soudanais Omar El-Béchir s'est, quant à lui, engagé à reconnaître la sécession du Sud, voire à aider à bâtir un Etat dans le Sud, région pétrolière de plus de 8,5 millions d'habitants, qui serait amené à devenir l'un des pays les plus pauvres sur la planète. R. I.