Le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) estime que les émeutes déclenchées depuis une semaine sur tout le territoire national sont la résultante d'un mode de gestion qui a privilégié la fermeture des canaux d'expression pacifique. «A force de vouloir serrer la ceinture de la population jusqu'à l'étouffement, à force d'interdire toutes actions et modes d'organisations pacifiques de la société, le pouvoir en place a pris le risque de mener le pays au chaos», écrit RAJ dans la déclaration parvenue à notre rédaction. Les animateurs de l'association précisent, au sujet de la manière dont s'est exprimée la colère, qu'il y avait peu de probabilités pour une autre forme d'expression : «Oui, nous avons constaté des violences dans ce mouvement naissant mené essentiellement par des jeunes. Oui, des saccages et autres pillages se sont produits dans différentes villes du pays. Non, nous ne pouvons consentir à ce genre de mode d'expression, mais cela n'est que la conséquence logique de la fermeture des voies d'expression et d'organisation pacifiques dans la société depuis tant d'années. L'état d'urgence en place depuis 1992, l'interdiction de toute manifestation dans la capitale depuis 2001, la répression qui s'abat sur tous les mouvements citoyens et les organisations politiques ou syndicales qui essayent depuis tant d'années d'exprimer pacifiquement et de manière organisée les doléances de la population, tout cela ne pouvait que mener à l'expression violente de ceux et celles qui veulent que stoppent le mépris et le déni de justice.» RAJ ajoute que l'augmentation des prix de certains produits de première nécessité n'est que l'élément déclencheur de cette vague de protestation généralisée, elle n'en est pas la seule cause. RAJ ne se fait pas par ailleurs d'illusions quant à l'effet des mesures prises par le gouvernement pour calmer la colère : «Baisser les prix de ces produits ne changera pas grand-chose à la rage exprimée par la population d'en finir avec ce régime qui méprise son peuple et qui le saigne depuis tant d'années.» Réaffirmant que «la rue algérienne appartient au peuple algérien», RAJ est convaincu qu'«il revient aux organisations politiques, syndicales et associatives, libres et réellement autonomes de toute tutelle, qu'elles soient du pouvoir ou autres, de trouver rapidement les voies et moyens pour que cette révolte légitime puisse s'organiser et exprimer ses revendications politiques et sociales, entre autres, dans la rue». A. Y. Le RCD dénonce l'arrestation des mineurs Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dénonce le traitement subi par des manifestants. «Des centaines d'arrestations de jeunes, parmi lesquels des mineurs, sont opérées dans la quasi-totalité des wilayas. Ces arrestations, accompagnées souvent de brutalité, sont commises en violation de toutes les lois en vigueur. Des jeunes ont été enlevés en pleine nuit à leur domicile et présentés aussitôt devant la justice sans la moindre information pour les parents ni assistance judiciaire», déclare le parti de Saïd Sadi dans un communiqué. Le même document ajoute qu'«au lieu de prendre la mesure du désespoir et de la colère d'une jeunesse oubliée, privée de lieux de loisirs et réduite à se jeter à la mer pour fuir un enfer quotidien, le pouvoir improvise une série de mesures démagogiques, incohérentes et choquantes». A. Y.