De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La ville de Tizi Ouzou a vécu hier son deuxième jour de troubles impliquant des dizaines de jeunes dans différents quartiers. Des poubelles, des pneus et autres objets sont incendiés et jetés au milieu de la chaussée pour barrer les routes. Les éléments des forces de l'ordre se sont déployés à travers la ville peu après le déclenchement des hostilités vers 13 heures sur l'axe principal, au niveau de l'avenue Abane-Ramdane. Au moins quatre personnes ont été interpellées entre vendredi et hier alors que le nombre exact de blessés n'est pas encore connu en raison de la réticence des services des urgences du CHU à communiquer avec la presse. Mais on parle de quelques dizaines de blessés entre éléments des CRS et jeunes émeutiers. Les dégâts matériels sont très importants dans cette région où plusieurs édifices publics ont été saccagés. Ainsi, le siège de l'Agence commerciale des télécommunications (Actel) a subi des dommages lors d'une attaque en milieu d'après-midi d'hier. Cela aurait pire sans l'intervention des forces de l'ordre qui ont dû user de grenades à gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Les pilleurs et les casseurs étaient très nombreux, y compris lors du premier jour d'affrontements, à se glisser parmi les manifestants pour s'adonner à des actes de vandalisme contre les édifices publics, et parfois privés, avec un objectif clair : le pillage et le vol. Dans la soirée de vendredi, c'est le siège de la Cnas, sis rue Lamali, qui a subi un pillage en règle avec trente-trois micro-ordinateurs et leurs accessoires volés. Le siège de l'Assemblée populaire de wilaya a également été la cible des pierres et autres projectiles des émeutiers avant l'intervention des éléments de la police. Ces derniers sont revenus un peu plus tard armés de cocktails Molotov avec lesquels ils ont endommagé la façade de l'institution et un véhicule stationné à l'intérieur de l'enceinte. Le siège de la Cnep-Banque a encore été la cible des manifestants qui ont tenté en vain de défoncer les rideaux métalliques pour y accéder, se contentant de le mitrailler de pierres, brisant de nombreuses vitres. En fin d'après-midi, les émeutiers se sont dirigés vers le siège du Crédit populaire d'Algérie, à quelques encablures du rond-point de la ville, mais les membres des forces de l'ordre ont été prompts à réagir pour empêcher le saccage.Par ailleurs, les troubles ont gagné de nouvelles localités de la wilaya comme Draa Ben Khedda où les jeunes émeutiers ont pris pour cible les édifices publics et privés. La laiterie de la ville, ex-Onalait, a failli être saccagée par les émeutiers qui ont aussi attaqué le siège de la mairie, sans grands dégâts, contrairement au siège de la BNA qui n'a pas échappé au vandalisme. Du côté de la localité d'Aïn El Hammam, une marche de protestation a eu lieu suite à un appel anonyme placardé sur les murs. La manifestation contre la cherté de la vie s'est «naturellement» transformée en émeute. Le siège de la Banque de développement local (BDL) a subi des dommages ainsi que d'autres édifices publics. Les citoyens commencent déjà à se plaindre du vandalisme et du pillage dont se rendent coupables certains casseurs. Les troubles se poursuivraient et risquent même de se propager vers d'autres localités de la wilaya où les rumeurs distillées à desseins auront certainement raison de la sagesse. Pourtant, manifester dans le calme contre la malvie, la dictature et le mépris des pouvoirs publics est une tradition dans cette région, hormis lors des événements tragiques de 2001 où la population a été poussée à la violence après l'assassinat de dizaines de jeunes manifestants.