Suite aux «pluies» d'oiseaux morts qui se sont succédé aux Etats-Unis puis en Suède, et aux décès de millions de poissons dans plusieurs endroits du monde à peu près au même moment, la Toile s'enflamme. Des internautes parlent de l'apocalypse ou de graves bouleversements environnementaux. Mais, selon les experts, ces morts en masse se produisent régulièrement. Tout serait normal. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter, estiment les biologistes. Depuis une semaine, des milliers d'oiseaux sont en effet tombés du ciel raides morts au même moment dans deux Etats américains et dans une petite ville de Suède, et plusieurs poissons ont été retrouvés sans vie dans un estuaire des Etats-Unis, au large du Brésil et sur des plages néo-zélandaises, ce qui n'a pas manqué de susciter inquiétudes et interrogations. Des experts américains soutiennent toutefois que la situation ne devrait pas alarmer. Ce phénomène serait courant, surtout en Amérique du Nord, si l'on en croit plusieurs documents fédéraux. Depuis les années 1970, le Geological Survey's National Wildlife Health Center américain (USGS), dans le Wisconsin, a enregistré chacune de ces morts en masse parmi les oiseaux et les poissons notamment. Parfois ces décès sont dus à des maladies, parfois à la pollution. Et d'autres fois, c'est juste un mystère, a indiqué à Associated Press la spécialiste de la faune sauvage Ann White. Selon les ornithologues, le climat (et en particulier le froid) est généralement lié à ces décès.Il n'y a qu'à se pencher sur les huit derniers mois pour comprendre que le phénomène n'est pas rare. L'USGS a enregistré 95 épisodes de morts d'animaux, en masse, en Amérique du Nord. Sur la liste, on peut lire : 900 urubus à tête rouge dans les Keys en Floride, 4 300 canards tués par des parasites dans le Minnesota, 1 500 salamandres touchées par un virus dans l'Idaho, 2 000 chauve-souris tuées par la rage au Texas... En moyenne, 163 phénomènes similaires sont rapportés au gouvernement fédéral chaque année, selon l'USGS. Et il y a eu plus impressionnant que les 3 000 oiseaux morts en Arkansas au début de l'année. En 1996, par exemple, 100 000 canards sont morts en même temps de botulisme, au Canada.Alors pourquoi s'alarme-t-on cette fois ? Simplement parce que ces choses ne sont jamais rapportées par les médias d'habitude. C'est la faute aux nouvelles technologies, pour le biologiste d'Harvard E. O. Wilson qui explique qu'avec Internet et les smartphones, les gens sont de plus en plus au courant de ce qui se passe partout dans le monde. Et en temps réel.Ce genre d'événement est donc médiatisé aujourd'hui, alors que personne ne s'en souciait auparavant. Il est facile à l'heure actuelle de dégainer son téléphone portable, de prendre une photo de cadavre d'oiseau ou de poisson et de la diffuser dans la minute via les réseaux sociaux. Les gens s'intéressent généralement à ces mystères, selon M. Wilson. Par conséquent, l'information fait rapidement le tour de la planète. Ainsi, des liens sont faits entre plusieurs événements similaires (morts de poissons au Brésil et mort d'oiseaux en Suède par exemple), alors qu'ils n'ont très certainement rien à voir. L'ironie, dans cette affaire, selon le biologiste américain, c'est que toute l'attention cette semaine est portée sur ces extinctions d'animaux en masse, alors que des milliers d'autres espèces sont vouées à disparaître - plus lentement - à cause de l'activité humaine. Et aujourd'hui, personne ne semble s'en soucier.