Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La wilaya de Constantine enregistre un taux de chômage avoisinant les 11,4%, selon les dernières statistiques arrêtées en décembre 2010. Ce taux semble relativement tolérable. La capitale de l'Est a vu naître pour l'exercice écoulé plus de 1 200 entreprises qui ont été créées dans le cadre du microcrédit auquelle sont associés les divers mécanismes d'appui – Agence nationale de l'emploi (Anem), Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej), Agence nationale pour le développement de l'investissement (Andi), Caisse nationale du chômage (Cnac)…Toutefois, ce n'est pas pour autant que le rush vers les directions de l'emploi a cessé. Cette situation jette une ombre au tableau et montre que le problème de l'embauche qui ronge la jeunesse, en proie à un contrat d'insertion professionnelle ou de formation, est toujours là. Certains jeunes expliqueront cet état de fait par la sélectivité dans l'attribution des crédits qui sont octroyés au compte-gouttes. Ainsi, les prétendants à un crédit notamment les jeunes diplômés, qui sont dans l'incapacité de fournir l'apport nécessaire à l'obtention d'un crédit, sont obligés de ravaler leurs intentions et de surseoir à leur démarche auprès de l'Ansej pour un montage financier. Les banques également ont souvent été dans le collimateur des demandeurs alors que les officiels recommandent des dossiers bien ficelés à même d'être traités par des agents relevant du secteur de l'emploi pour garantir un dépôt avec suite favorable.Face à cette multitude d'écueils, les jeunes, toutes catégories confondues, se démènent comme ils peuvent pour sortir de l'ornière, subvenir à leurs besoins et souvent à ceux de leurs parents et de leur famille. Et une fois fait le tour de la question, il ne reste plus que le travail au noir et l'informel comme source de revenu. Etals en plein air, marchés informels, location de box sont légion à Constantine ces trois dernières années. Tous les moyens sont bons pour gagner sa journée. Dans ce secteur d'activité, la vente de téléphones portables est le commerce le plus prisé par les chômeurs. Dès le lever du jour, ils squattent la place Rahbet El Dj'mel où ils dressent leurs étals et présentent appareils et accessoires. Le cœur de la médina est, lui, occupé par les vendeurs d'appareils électroniques, d'habits, de chaussures… «C'est pour ne pas tendre la main qu'on s'improvise commerçants», témoignent quelques jeunes qui ont des étals un peu partout aux endroits populeux loin des regards des services de l'ordre. Et l'Anem ne parvient pas à réguler le rapport offre d'emplois, demande du seul fait que la wilaya de Constantine ne compte que quelques entreprises publiques et aussi privées, et que tous les regards des demandeurs sont orientés vers des firmes étrangères, malheureusement en nombre réduit. Les dispositifs d'appui en quête de nouveaux investissements En dépit des différents dispositifs mis en place ces dernières années par l'Etat pour la résorption du chômage avec en prime un abattement fiscal de 20% sur la cotisation de la part patronale au profit des entreprises «génératrices» d'emplois (hors du contexte microcrédit), l'oisiveté est toujours là et atteint des proportions alarmantes. Ansej, Anem, Cnac… n'ont malheureusement pas réussi le pari de, sinon d'éradiquer le chômage, du moins le ramener à un seuil tolérable, gérable. Dès qu'une information fait état de l'existence d'opportunités d'insertion, les succursales de l'Agence nationale de l'emploi disséminées à travers le territoire de la wilaya sont aussitôt prises d'assaut par les demandeurs d'emploi et les files d'attente s'allongent à vue d'œil. Toutes les spécialités défilent dans ces espaces d'inscription. L'Anem enregistre plus de 300 000 demandeurs d'emploi par an. Difficile pour cet organisme de satisfaire tout le monde. Combien de fois n'a-t-on assisté à des prises de bec entre chômeurs dans la file d'attente devant les bureaux de l'Anem ? Nombre de demandeurs d'emploi pointent du doigt les irrégularités dans la procédure d'embauche. Questionné à ce sujet, le directeur de l'agence, M. Dris, rejette catégoriquement ces allégations. «Il faut que les requérants sachent que les cartes délivrées à l'inscription sont renouvelées au terme de trois mois. Et c'est un logiciel qui refait l'opération», soutient-il «Les journées portes ouvertes que nous avons organisées ces derniers mois ont été bénéfiques au monde de l'emploi. Les jeunes se sont enquis des procédures à adopter pour l'obtention d'un poste stable», ajoutera-t-il. Quant au nombre exact de demandes d'emploi déposées durant l'année 2010, le responsable refusera de nous le communiquer. «C'est sur une décision centrale. On nous interdit de communiquer quelque statistique que ce soit, et ce, par mesure de sécurité», nous expliquent des employés d'une agence. Tout ce que nous avons pu obtenir, c'est une bribe d'information selon laquelle la wilaya aurait enregistré un léger recul du taux de chômage par rapport à l'année 2009.Le secteur d'activité offrant le plus d'opportunités d'embauche est incontestablement le BTPH, soutient le responsable de l'Anem. «On ne peut pas satisfaire toutes les demandes. Il y a une disproportion flagrante entre l'offre et la demande», explique notre interlocuteur qui renvoie la problématique de résorption à l'absence d'un vaste bassin industriel comme c'est le cas dans d'autres villes. «Constantine, si l'on excepte les petites et moyennes entreprises qui naissent à chaque nouvel exercice à la faveur des dispositifs étatiques, ne renferme pas d'investissements lourds aptes à réduire le taux des sans-emploi. Le plus grand projet de l'autoroute Est-Ouest est à sa phase finale», devait indiquer M. Dris qui affirme qu'il faut relancer la perspective d'investir pour espérer éponger cette montée du chômage. Ainsi, le chômage reste perceptible à Constantine dont les rues et ruelles sont livrées à l'informel, ce mal qu'on veut faire passer pour nécessaire…