Photo : M. Rahmani De notre envoyé spécial à Guelma Mohamed Rahmani Les dernières mesures prises par le conseil interministériel touchant aux prix du sucre et de l'huile, et qui avaient été à l'origine de protestations et de manifestations à travers le pays, n'ont été qu'en partie appliquées par les détaillants, chacun évoquant les pertes qu'il pourrait subir du fait de l'application de ces mesures. Pourtant, le texte est clair ; les grossistes recevront de la part des producteurs des chèques de ristourne couvrant la différence des prix, tout en assurant les producteurs d'être à leur tour, payés par l'Etat. Du côté de la raffinerie de sucre de Guelma Sorasucre, que nous avons visitée jeudi dernier, on nous dira qu'à ce jour, la direction n'a rien reçu du ministère. «Le P-DG, Aïssa Birèche, est à Alger justement dans ce sens pour une réunion qui regroupe tous les producteurs de sucre du pays, et nous ne pouvons rien dire de plus en l'absence du directeur seul habilité à communiquer ces informations», nous dit-on. Ni le directeur de l'administration et encore moins le responsable commercial de la raffinerie ne veulent communiquer avec la presse allant jusqu'à prétendre qu'ils ne sont pas en possession des informations demandées. Ce qui est archifaux. La raffinerie de sucre de Guelma construite dans les années 1970, et gérée plus tard par l'Enasucre, avait été cédée à un repreneur privé national par le Conseil des participations de l'Etat pour le montant de 1,5 milliard de dinars. Au départ, l'usine avait commencé à tourner avec le minimum de ses capacités, certaines installations vétustes avaient dû être renouvelées telles que la turbine ou les équipements ayant trait à la production de l'énergie nécessaire au fonctionnement des différentes machines. D'avril à septembre de la même année et selon des déclarations faites par le même P-DG à l'époque, l'usine était à l'arrêt et il fallait remplacer la turbine hors d'usage par une autre qui avait été commandée à l'étranger. La raffinerie avait tourné à 30% de ses capacités, produisant à peine 100 à 120 tonnes/jour ce qui est selon lui en deçà du minimum requis. Aujourd'hui, la raffinerie qui a atteint sa vitesse de croisière arrive à produire entre 70 000 et 80 000 tonnes de sucre par an qu'elle commercialise sur le marché national, couvrant en partie les besoins des consommateurs de la région est du pays. Dans la raffinerie, jeudi dernier, les ouvriers s'affairaient et une importante activité était perceptible. Des travailleurs en combinaison suivaient avec attention le processus de fabrication, d'autres déchargeaient le produit fini et ensaché pour l'entreposer avant qu'un élévateur mécanique ne procède à l'enlèvement pour stocker le produit dans les hangars.La raffinerie qui dépend entièrement des importations des matières premières a dû faire face à la hausse vertigineuse des prix qui ont atteint un record jamais égalé jusque-là. En effet, hier, à la bourse de Londres, la tonne de sucre est passée à 786, 9 dollars, alors qu' au mois de mai 2010 le sucre était coté à moins de 450 dollars. Cette flambée des prix, ajoutée aux taxes et droits de douane, a fait monter les coûts de production, ce qui a influé sur les prix à la consommation. Le producteur répercute les coûts sur le prix d'enlèvement à l'usine, le grossiste fait de même avec le détaillant et ce dernier répercute cette augmentation sur le prix à la consommation, le citoyen se trouvant être celui qui paye tout.En attendant les effets de la réunion d'Alger du ministre du commerce avec les producteurs, les prix à l'enlèvement au niveau de la raffinerie n'ont pas baissé. Nous y reviendrons dans un prochain article.