Synthèse de Hasna Yacoub C'est fini. Le président Ben Ali a abandonné le pays et le pouvoir. Dans les heures qui ont suivi l'annonce de sa fuite, les Tunisiens ont exprimé leur joie, défiant ainsi le couvre-feu imposé. Ailleurs, les citoyens d'autres pays arabes ont également explosé d'allégresse, affichant leur soutien aux Tunisiens. Certains gouvernements ont exprimé leurs réactions, d'autres préfèrent attendre. En Egypte, où des dizaines d'Egyptiens se sont joints au Caire à un groupe de Tunisiens qui célébraient le départ de Zine El Abidine Ben Ali, les autorités ont annoncé qu'elles suivaient étroitement le déroulement des événements en Tunisie et qu'elles respectaient le choix du peuple tunisien. «L'Egypte proclame son respect du choix du peuple de notre pays frère la Tunisie, de même qu'elle a confiance dans la sagesse de ses frères tunisiens pour régler cette situation et éviter que la Tunisie s'effondre dans le chaos», a déclaré le ministère des Affaires étrangères. La Ligue des Etats arabes a appelé, pour sa part, les forces politiques en Tunisie à être «unies pour le bien du peuple». La Ligue a appelé de ses vœux un «consensus national qui permettra de sortir le pays de la crise tout en garantissant le respect de la volonté du peuple tunisien». Le Qatar dit respecter «la volonté et le choix du peuple tunisien» et «s'engage à [maintenir] ses solides relations avec le peuple tunisien (...) dans l'intérêt des deux pays frères». En Jordanie, où la grogne monte contre l'inflation et le chômage, une cinquantaine de syndicalistes ont organisé un sit-in, hier, devant l'ambassade de Tunisie à Amman et appelé à la propagation de «la révolution tunisienne». Aucune réaction officielle n'a été donnée. Au Koweït, seuls les députés de l'opposition islamiste ont réagi, saluant «le courage du peuple tunisien» qui a «montré l'exemple et envoyé des messages par dizaines aux régimes arabes». L'Arabie saoudite a confirmé officiellement avoir donné refuge à M. Ben Ali «en considération pour les circonstances exceptionnelles que traverse le peuple tunisien». Riyad n'a pas, néanmoins, manqué d'exprimer «son soutien à toute mesure bénéfique au peuple tunisien frère» et «sa solidarité totale avec ce peuple et espère la cohésion de tous ses enfants pour surmonter cette conjoncture difficile». Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi devait s'adresser hier «au peuple tunisien frère», a indiqué l'agence libyenne Jana, ajoutant que le président tunisien déchu «s'est entretenu samedi au téléphone» avec le colonel Khadafi. Du côté palestinien, l'OLP a rendu hommage «au courage sans précédent des Tunisiens et au sacrifice héroïque [dont ils ont fait preuve] pour parvenir à leurs exigences». Du côté européen, l'UE a appelé à une solution démocratique «durable» et au calme. «Nous voulons exprimer notre soutien aux Tunisiens et notre reconnaissance de leurs aspirations démocratiques auxquelles on devrait répondre d'une manière pacifique», ont déclaré le chef de la diplomatie de l'UE et le commissaire européen à l'Elargissement. «Le dialogue est crucial», ont-ils souligné avant d'assurer que l'UE était prête à «aider à trouver des solutions démocratiques durables à la crise actuelle». Le président du Parlement européen a souhaité, pour sa part, «un changement profond en Tunisie», plaidant notamment pour le «pluralisme politique» et le «respect de l'Etat de droit». La Maison-Blanche a salué «le courage et la dignité» du peuple tunisien et invité les autorités à organiser des élections «libres et justes» dans «un proche avenir». Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, appelle à un «règlement démocratique» de la crise. En général, les pays occidentaux comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou encore l'Italie ont plaidé pour une transition pacifique en Tunisie, à l'instauration d'une véritable démocratie et à un retour au calme.