C'est avec son court métrage On ne mourra pas que la réalisatrice algérienne Amel Kateb concourt actuellement pour le prix des internautes de France Télévision pour le court métrage en partenariat avec le site du quotidien français le Monde. Les internautes pourront visionner et voter pour l'œuvre cinématographique favorite sur huit courts métrages mis en ligne sur le site du journal le Monde. Parmi les courts métrages en lice, on citera le Piano de Levon Manasian, Thermes de Banu Akseki et Je pourrais être votre grand-mère de Bernard Tanguy.Oran 1995, on est en pleine décennie noire. Les intellectuels se cachent pour survivre. Salim, un jeune journaliste est de retour dans sa ville après deux mois passés en Afghanistan pour les besoins de son reportage. Il retrouve Houria, sa femme enseignante au lycée, cachée dans un appartement clandestin après avoir reçu une menace de mort. Elle l'informe de l'assassinat de Abdelkader, un ami à Salim et du danger qui plane sur eux. Leurs retrouvailles sont passionnées et durant un moment, le jeune couple arrive à oublier ses malheurs et ceux du pays. Pour fêter son retour, Salim sort une bouteille de vin dénichée à Kaboul et propose à sa femme de trinquer. Seul problème, Houria ne trouve pas de tire-bouchon. «Il n'y a pas de tire-bouchon dans les appartements clandestins», ironise-t-elle. Quant à Salim, il est bien déterminé à ouvrir sa bouteille de vin prétextant deux mois de galère dans un pays en guerre. Ce dernier décide d'aller en chercher un chez les voisins. Il découvrira alors la diversité de son entourage, de la famille de l'islamiste à celle du surnommé l'escroc. Avec Kader Fares Affak, dans le rôle de Salim et Amel Kateb, dans le rôle de Houria, ce couple d'intellectuels est bien interprété et reflète le paradoxe dans lequel vivait la société algérienne durant la décennie noire. On notera, également, le bon choix de la musique dans le film à savoir un titre rap qui relate le ras-le-bol du peuple. Tourné à Oran, le décor du film respire l'angoisse et le danger constant, le tout apaisé par l'image des enfants jouant au ballon dans la rue. Certains relèveront la banalité de l'histoire du tire-bouchon, mais la réalisatrice a su, et à partir d'un simple objet, retranscrire une période où le pays a été plongé dans l'obscurité. Rappelons que le court métrage d'une durée de 21 minutes a déjà obtenu le prix de la meilleure réalisatrice au Festival du film romantique de Cabourg 2010, le prix d'excellence Università di Corsica : Nuits méditerranéennes du court métrage, Corte 2010 (Corse), mention spéciale du jury : Festival du court métrage méditerranéen de Tanger (Maroc) et une mention spéciale du jeune public : Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier, 2010. La réalisatrice concourt aussi avec le même film à la 11ème édition du film court francophone de Vaulx en Velin aux côtés de Garagouz d'Abdenour Zahzah qui a déjà été primé dans plusieurs festivals. W. S.