Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les estivants ont déserté les plages un peu plus tôt que d'habitude en raison de l'invité de l'année, le mois sacré du Ramadhan. Quoique des retardataires demeurent en contact avec la grande bleue, histoire d'en profiter jusqu'à la veille de la nuit du doute. C'est particulièrement les jeunes oisive à obligation qui appliquent cette stratégie, car les responsables de ménages ont déjà rallié leurs cités respectives pour se remettre des vacances, souvent «fatigantes», et se consacrer aux préparatifs élémentaires. Les aoûtiens sont les plus touchés par cette brièveté des vacances. Ils ont dû faire contre mauvaise fortune bon cœur dans la mesure où certains d'entre eux, qui aspiraient à profiter pleinement de leur mois de congé prévu en août, se sont vus dans l'obligation de «plier leurs tentes» un peu plus tôt. Cependant, cet aléa, le calendrier lunaire étant ainsi, n'est pas perceptible chez toute cette frange. «J'ai profité de mon congé. Après quelques jours passés en bord de je me repose et me prépare pour ce mois sacré dont le début coïncidera avec les quelques jours de repos restants. Disons que mes vacances n'ont pas été écourtées», se plaît à dire un employé de la fonction publique. Un autre son de cloche nous provient d'un autre employé, qui déplore le planning de son administration dans l'octroi des congés relatifs à son exercice. A cet effet, il avancera : «La chance n'a pas souri à tout le monde cette année. Étant donné que le Ramadhan occupe la dernière dizaine du mois d'août, la plupart des travailleurs ont tenté d'anticiper leur congé, mais force est de constater qu'il n'était pas possible pour tout le monde de partir en même temps. Cela n'a pas été propice à leur programmation estivale…» «La spécificité du mois sacré réside dans ses journées assez longues et ses soirées gourmandes écourtées… puisque El Imsak sera avancé», ironise un jeune. En fait, il est des personnes qui ont déjà vécu le jeûne en été, contrairement à d'autres qui tenteront leur baptême du feu en cette période caniculaire, sauf clémence divine. Présentement, les discussions précédant l'entame du mois portent essentiellement sur le «il fera chaud, on aura très soif», reléguant, voire esquivant ainsi le débat épineux sur le pouvoir d'achat. Il n'empêche que la sonde de la mercuriale est déjà larguée dans les différents souks de la médina, question de s'enquérir des prix des aliments de base. Les familles constantinoises ont en effet rallié depuis dimanche les divers marchés de la ville. Les premiers commerces à être pris d'assaut sont les échoppes de la vieille ville où l'on vend de la semoule et du «frik», (blé vert concassé et séché), indispensable pour l'incontournable chorba, tandis que les plus exigeantes des familles préparent elles-mêmes cet ingrédient en allant le commander auprès des agriculteurs. C'est ce blé vert qui sera traité et donnera toute la saveur à la chorba. Aussi, sur un autre chapitre on procède au renouvellement de quelques ustensiles de cuisine, une dépense supplémentaire. A chacun sa fantaisie. Certains optent carrément pour la poterie traditionnelle que l'on trouve dans les localités avoisinantes de Didouche Mourad, Aïn Smara… Tajine, assiettes et autre tandjra (marmite en terre cuite) sont proposés aux clients, mais leurs prix demeurent élevés. En ce qui concerne les espaces de vente de produits alimentaires, on a constaté, ces derniers jours, que les magasins d'alimentation ont renouvelé leurs stocks en y glissant bien évidemment quelques produits qu'ils n'ont pas eu la chance de vendre tout au long de l'année. D'autres transformations sont en cours de réalisation chez d'autres vendeurs. Il s'agit pour eux de se convertir en vendeurs de zlabia. Du moins, à ce sujet, les choses ont été clarifiées par la direction du commerce qui a sommé les éventuels commerçants désireux d'opter pour un changement temporaire d'activité de se présenter au niveau de la direction des registres du commerce pour apporter les modifications nécessaires. Néanmoins, la problématique relative à la pratique commerciale en ce mois de la rahma appelle non seulement les organismes publics à réguler les ventes, mais les associations de consommateurs et l'Union générale des commerçants et artisans algériens sont largement convoquées pour permettre au citoyen de fréquenter les étals sans grande surprise devant des prix proposés ou des produits… périmés et «ré-étiquetés». En définitive, à trois ou quatre jours de la première journée du jeûne, l'aura des vacances plane toujours sur le Rocher, à voir le mouvement inhabituel des citoyens dans les rues et ruelles de la cité millénaire, et le changement du week-end y a ajouté un repos supplémentaire avec un effet étrange... Seules les glaces et autres boissons rafraîchissantes pourraient adoucir les premières soirées ramadhanesques. La place de la Brèche et les glaciers de la commune du Khroub ne désempliront pas.