Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L'état accorde des subventions pharaoniques aux agriculteurs. Ceux-ci ne ménagent aucun effort pour «consumer» les citoyens en se passant des chaînes légales de transmission. Autrement dit les circuits de vente. C'est l'appréciation émise par les citoyens durant ce mois de carême. Le mois de la rahma entame sa deuxième semaine avec toujours cette frénésie dans les produits alimentaires. Légumes, fruits et viandes «résistent» toujours devant les consommateurs, de jour en jour acheteurs… potentiels. Tous les alibis sont valables pour justifier la vente et du coup maintenir le tempo haut de la mercuriale. «C'est le marché de gros» qui dicte sa loi sur les prix, lâchent les revendeurs au niveau des différents souks de la ville. Pourtant, comparativement aux tarifs proposés, la qualité de certains légumes et fruits laisse à désirer. Comme si ces denrées venaient d'une hibernation. Celle de la chaîne du froid. Elles ressurgissent au moment opportun sur les étals pour équilibrer la soi-disant donne de l'offre et de la demande. Bien évidemment tout ce manège des ventes se déroule sous les yeux des services de contrôle qui ne savent pas où donner de la tête en dépit d'une large brigade mixte dégagée par la DCP en vue de veiller à l'équilibre. Des pères de famille qui sillonnent au quotidien les étals des souks lâchent de temps à autre : «Bouteflika a effacé la dette des agriculteurs pour que ces derniers nous calcinent en fin du compte…!». C'est dire que la stabilité dans les prix n'est pas encore rétablie. Pomme de terre 50 DA, tomate 70 DA, citron 300 DA, pêche 250 DA… Même les diouls (khatfa, à Constantine) traditionnels ont pris quelques dinars en plus, puisqu'ils sont passés de 40 DA à 50 DA la douzaine. Alors que le marché des viandes rouges ou blanches n'aura pas lui aussi échappé à cette «folie». Le motif prétexté est celui du manque dans la production, mais quotidiennement les étals sont inondés de foie, de côtelettes, de morceaux de veau vendus avec cette nouvelle conception. Pour l'anecdote, le kilogramme de foie est cédé à 1 500 DA avec un bout du cœur. Dans le cas contraire, c'est à dire, pur, il est livré à 1 600 DA. «Franchement, c'est diabolique», juge un sexagénaire. Les bourses moyennes tentent des expéditions vers les abatages clandestins pour alimenter leur chorba. Toutefois, le danger encouru n'est pas à écarter devant le manque d'hygiène. Par ailleurs, la vieille ville demeure la seule issue d'approvisionnement avec quelques dinars en moins, mais la conception dans le choix des produits reste commune. En définitive, la moindre flambée est jusqu'ici motivée par cette phrase «joker», «liberté de commerce». Une couverture qui n'aura pas un avenir certain si l'on prenait pour argent comptant les directives du président de la République lors du dernier Conseil des ministres. En effet, M. Bouteflika a exigé des éleveurs et des producteurs agricoles une production répondant aux normes et à la demande du citoyen, car l'état n'a ménagé aucun effort pour les soutenir. Par ailleurs, pour rappel, il a exhorté la tutelle du commerce à prendre toutes les dispositions nécessaires pour freiner cette anarchie dans les prix et ce, en «assumant pleinement leur responsabilité». En attendant la concrétisation de cette sentence présidentielle, la population à bourse moyenne tente tant bien que mal de gérer son budget en rendant leur f'tour peu sucré avec le kalbellouz qui inonde la cité millénaire.