Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi En 24 heures, la ville du Rocher s'est métamorphosée aux couleurs ramadhanesques. S'il y a bien évidemment de nouveaux jeûneurs qui ont atteint l'âge de la puberté, de nouveaux commerçants conjoncturels s'essayent aux spécialités du gâteau et des pâtisseries traditionnelles, aux côtés des anciens chevronnés de la zlabia. Aussi, ceux-ci sont lésés par l'émergence de ces novices qui investissent ce domaine uniquement durant ce mois. Par ailleurs, Constantine aura connu depuis peu d'années la tradition algéroise qu'est kalblouz, un gâteau présent sur toutes les tables des familles Constantinoises au f'tour. Celui-ci est toutefois loin de détrôner la «djaouzia», la friandise «reine» constantinoise, à base de lait pur, de miel et de noix. La recette n'est jamais livrée, «Coca Cola» détient la réponse ! La pâtisserie de la capitale se fait désirer dès les premières heures chez ses fabricants. A quelques heures de la rupture du jeûne, des files interminables atteignent leur maximum au seuil de ces commerces pour acheter le morceau à 25 DA. Ce sera ainsi le long des 30 jours (ou 29) du mois sacré. Les marchés des fruits et légumes ont, quant à eux, enregistré dès les premières heures une affluence un peu allégée dès lors que la veille toute la population aura investi les différents souks pour s'approvisionner de peur de voir les prix s'envoler. A tort, car les armes des marchands seront affûtées, au moins pour la première semaine : c'est la tradition du marché constantinois. De surcroît, les viandes rouges ont enregistré une inflation de plus de 150 DA. Quant au poulet, il a gagné des plumes en plus, son kilo est cédé à près de 270 DA. Les fruits n'ont pas été en reste de ce baromètre «improvisé». Les bananes, le raisin, les poires, les pêches sont cédés respectivement à 120, 90 et 160 DA. «Franchement, on ne comprend pas l'attitude du consommateur algérien. D'une part, on décrie les prix exorbitants et, d'autre part, on se bouscule au marché pour épuiser les produits sur les étals. Il est difficile de situer le pouvoir d'achat des citoyens», s'étonne un père de famille à l'intérieur d'un marché public. Ramadhan, c'est la religion par-dessus tout, mais qui peut échapper à son aura «imprévisible», notamment pour les consommateurs de la nicotine… Des nerfs d'acier sont requis pour achever la journée sans bavure. Mais «la rue» s'irrite souvent pour un rien, de l'excès de zèle qui fera subir à la population d'autres désagréments. En somme, la cité a entamé le jeûne dans un climat «d'approvisionnements», la tradition ramadhanesque guidera les habitués à Souika et à Rahbat Essouf, dans l'après-midi, pour continuer leurs achats (pain de maison, galette, pizza traditionnelle…) et ce, jusqu'à la minute précédant la rupture du jeûne.