Sur 700 à 800 brevets d'invention délivrés annuellement par l'Institut national algérien de la propriété industrielle (Inapi), «seuls 10% appartiennent à des chercheurs et/ou entreprises nationales», a indiqué jeudi dernier le directeur des brevets au niveau de l'Inapi. «Les chercheurs et entreprises algériennes ne se bousculent pas pour le moment à nos portes pour faire breveter leurs innovations, afin de se protéger contre la contrefaçon et l'usage frauduleux de tiers», a déploré M. Mohamed Hadjouti, en marge d'un atelier sur l'innovation dans l'entreprise algérienne organisé à Tizi Ouzou par la Direction de la PME et de l'artisanat. «Le gros des titres de protection de la propriété industrielle délivrés par l'Inapi sont détenus par des opérateurs économiques étrangers activant sur le sol national», a-t-il relevé. A titre indicatif de cette insuffisance dans le brevetage des innovations par les nationaux, il a indiqué que «sur les 700 brevets établis en 2010, seuls 70 l'ont été au profit de chercheurs et opérateurs algériens».Pour encourager ces derniers à faire breveter leurs inventions, pouvant être un produit ou un procédé technologique, l'Inapi, dont la représentation est confinée jusque-là au niveau d'Alger, envisage d'ouvrir des annexes à Oran, Constantine et Sétif, pour rapprocher ses prestations des usagers, à l'intention desquels sont programmées plusieurs manifestations de sensibilisation et d'information, a annoncé M. Hadjouti. La notion de l'innovation industrielle se définit, selon ce responsable, comme étant une «solution pratique dans un domaine technique applicable dans l'industrie». Pour son brevetage, une innovation «se doit de répondre à trois critères que sont la nouveauté en la matière, l'applicabilité industrielle et la non-évidence (originalité)», a-t-il expliqué. «Un produit et/ou un procédé breveté est protégé pendant vingt ans, avant qu'il ne tombe dans le domaine public (autorisation de son usage), mais à condition que son propriétaire s'acquitte du paiement d'une taxe pendant toute la période en vigueur de ce droit de protection conféré par le brevet d'invention», a expliqué ce responsable, précisant que ce titre (brevet) englobe divers domaines, notamment le médicament, la chimie, le pétrole et la biochimie. Pour sa part, «Djazaïr Istithmar», une société par actions de droit public créée en 2010 par la Cnep-Banque et la Banque Badr, propose aux jeunes innovateurs désireux de convertir leurs inventions industrielles (produits ou procédés) en projets un apport financier dénommé «Capital risques» consistant en la souscription au capital social de l'entreprise par l'achat d'actions à concurrence de 49%, a fait savoir le représentant de cette société, M. Mammeri Yacine. Lors de cette rencontre, à laquelle ont été conviés des chefs d'entreprise, des chercheurs, des organisations professionnelles, des banques et autres partenaires, la directrice du secteur de la PME et de l'artisanat a révélé l'existence d'un projet consistant en la création d'une «pépinière d'entreprises», dont la mission consistera, a-t-elle dit, à «héberger et accompagner les porteurs de projets innovants dans leur évolution, afin d'en assurer le succès et la pérennité». L'université de Tizi Ouzou compte se doter d'un projet similaire, une sorte d'incubateur, pour la «valorisation des résultats des recherches effectuées par ses vingt-trois laboratoires, dans le but d'en faire profiter l'entreprise algérienne en apportant des solutions concrètes à ses problèmes, ce qui suppose la mise en place d'un partenariat durable entre l'université et les entités économiques», a souhaité le vice-recteur chargé de la recherche au niveau de cette université. APS