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L'opposition le rejette et appelle à de nouvelles manifestations pour vendredi Le roi Abdallah II cède sous la pression de la rue en nommant Maarouf Bakhit Premier ministre
Le roi Abdallah de Jordanie a fini par céder à la pression de la rue en procédant hier au remplacement de son chef de l'Exécutif, Samir Rifaï. C'est désormais Maarouf Bakhit qui lui succède avec comme instructions claires d'«engager de réelles réformes politiques». En fait, M. Bakhit ne fait que reprendre sa place à la tête du gouvernement jordanien. Un poste qu'il a déjà occupé pendant deux ans, entre 2005 et 2007. Une nomination qui n'a pas été du goût de l'opposition, notamment du principal parti, le Front de l'action islamique (F AI). Le FAI a rejeté cette nomination estimant que, lorsqu'il était à la tête du gouvernement, il avait organisé «les pires élections législatives». Aujourd'hui, il est chargé de «prendre des mesures rapides et claires [...], des réformes générales modernes soutenant notre vision de la démocratie», selon la lettre de désignation rendue publique par le palais royal. Laquelle ajoute : «Nous voulons des réformes qui ouvrent la voie à notre peuple vers plus d'opportunités et la vie décente qu'il mérite.» Une nomination qui intervient après plusieurs semaines de manifestations de rue contre Samir Rifaï dont les contestataires, le FAI en chef de file, ont demandé la tête en raison de sa politique mais aussi des conditions sociales et de l'érosion du pouvoir d'achat. Maarouf Bakhit risque de ne pas rester longtemps, puisque les mêmes contestataires ont décidé de reprendre l'occupation des rues jordaniennes. Et ce, malgré l'engagement par le nouveau chef de file du gouvernement, considéré comme un homme de confiance du roi de Jordanie, de procéder aux consultations aussi bien avec les islamistes qu'avec les autres partis d'opposition avant la formation de l'Exécutif. Le FAI a indiqué que Maarouf Bakhit n'était pas un réformateur. «Il a conduit les pires élections législatives en Jordanie alors qu'il occupait le même poste en 2007. Il n'est pas l'homme pour diriger la période transitoire et pour sortir la Jordanie de la crise qu'elle endure. Il semble même que le train des réformes n'est pas encore en marche», a ajouté un représentant du parti islamiste tout en précisant que sa formation rejetait cette nomination et appelle à la tenue d'un sit-in de protestation devant les bureaux de Bakhit vendredi après la prière. Ce même parti se déclare non opposant à la monarchie et ne remet nullement en cause la légitimité des Hachémites. «Contrairement à l'Egypte l'opposition n'appelle pas à un changement de régime dans le royaume mais demande des réformes politiques et des gouvernements élus.» Avec cette précision que ces demandes de réformes et de gouvernement élus pourraient changer «si les autorités n'agissent pas rapidement». Une menace à peine voilée pour un parti qui feint ignorer que la politique suivie par le chef du gouvernement est dictée justement par le roi. F. A.