De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali L'apparition des nouvelles technologies est en train de chasser les photographes ambulants, de moins en moins nombreux à arpenter les places et les lieux touristiques oranais. Jadis présents en force sur le boulevard du Front de mer comme sur la place d'Armes ou le Parc d'attractions, très sollicités en été, pendant les fêtes ou les vacances, les photographes laissent désormais la place au téléphone portable ou à l'appareil numérique, devenus accessibles au tout-venant : «La survenue des appareils photo numériques et des appareils jetables a donné le coup de grâce à notre métier. Désormais, c'est à peine si je fais deux ou trois photos par jour. En soustrayant les frais de la pellicule et ceux du développement, il ne reste presque rien», déplorait, il y a trois années déjà, Papi, de son vrai nom Benamar, photographe qui avait embrassé le métier dans les années 60. Aujourd'hui, point de Papi sur la place d'Armes, où il avait coutume de travailler depuis plusieurs années et personne pour donner des nouvelles de ce photographe qui s'enorgueillissait d'avoir immortalisé des stars comme Johnny Hallyday et Pelé : «Trop de choses ont changé et nous sommes désormais à la merci des appareils photo jetables», avait-il résumé de sa voix traînante. Ce qui est un peu dommage pour ces photographes ambulants, maintenant que la ville s'est enrichie de nombreuses placettes et ronds-points très prisés en période estivale par les touristes et familles oranaises. Mais tous ou presque disposent de téléphones portables munis d'appareil photographique et n'ont donc plus besoin des services du photographe : «Il y a 20 ans, se souvient l'un des rares ambulants qui s'entêtent à battre le pavé à la place d'Armes en désignant des amis s'amusant à se photographier avec un téléphone, nous étions assaillis lors des fêtes de mariage ou circoncision. Aujourd'hui, il n'y a même plus de quoi faire sa journée.» Il est vrai que, pour les circoncisions, les mariages ou toute autre fête, les familles qui le désirent peuvent faire appel à des boîtes spécialisées qui leur garantissent, non seulement des photographies numérisées et retouchées dans un album personnalisé, mais aussi une cassette-vidéo ou un CD de la fête et d'autres services encore que le «pauvre» photographe ambulant ne pourrait peut-être même pas concevoir dans ses attributions.Comme un certain nombre de vieux métiers, celui de photographe ambulant tire doucement sa révérence à Oran, bousculé par le développement et les boutiques dédiées aux appareils numériques à des prix très abordables. Et il est fort à parier que, dans les toutes prochaines années, les photographes amateurs n'auront même plus besoin de laboratoire (il en existe quelques-uns à Oran) pour développer les photos. Ils auront leurs propres imprimantes et pourront tirer les images à loisir. En effet, on n'arrête pas le développement.