Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun Le «brainstorming sur la relance du football algérien», organisé les 17 et 18 mai derniers, par le ministère de la Jeunesse et des Sports, à l'ISTS de Dely Ibrahim, a donné lieu à plusieurs recommandations, lesquelles tournent autour de six axes de travail (il y a eu six ateliers): la législation et la réglementation, la violence dans les stades, la formation, les moyens et les ressources financières, l'arbitrage et, enfin, le système de compétition. Elaborées à l'issue de ces deux jours de travail, ces recommandations ont été présentées devant le ministre, M. Hachemi Djiar, durant la séance de clôture de cette rencontre. A propos de l'atelier «législation et réglementation», les conclusions touchent beaucoup plus le cadre réglementaire des clubs, amateurs, en premier lieu, par la révision et la rationalisation de l'arrêté ministériel relatif aux clubs sportifs amateurs et professionnels, ensuite, en fixant les dispositions d'application relatives à la gestion des clubs professionnels. Il y a eu également une demande concernant l'élaboration d'un texte régissant les clubs sportifs, dits semi-professionnels. Les participants à cet atelier ont aussi réclamé l'élaboration d'un cadre juridique pour la prise en charge des comités de supporters, la clarification et l'harmonisation des relations entre le ministère et la Fédération ainsi que la mise en œuvre du décret portant statut des entraîneurs en matière de «contrat–licence». Il faut réprimer les déclarations incitant à la violence En matière de prévention de «la violence dans les stades» (second atelier), les participants ont recommandé une série de mesures, dont le renforcement des campagnes de sensibilisation, en y impliquant le système éducatif et familial, et l'introduction de l'aspect «animation» dans les stades ainsi que la vulgarisation des lois du jeu avec le respect des normes de construction. Ils ont également appelé à la redynamisation des comités de supporters avec l'élaboration d'un texte réprimant toute déclaration qui incite à la violence et l'institution d'un prix national de fair-play. Le troisième atelier, en l'occurrence la formation, s'est articulé autour de deux axes : la formation du joueur et de l'entraîneur. L'accent a été mis sur la massification de la pratique de la discipline au niveau des établissements scolaires, la valorisation des encadreurs des catégories jeunes, la mise en place de structures de formation à l'échelle nationale et de centres de formation régionaux pour les équipes nationales en encourageant les clubs à les créer en mettant un système de bonification pour les clubs formateurs (un budget pour les catégories jeunes) ainsi que l'harmonisation du programme de formation des entraîneurs. Les animateurs de l'atelier «moyens et ressources financières» ont appelé à augmenter la quote-part de la subvention de l'Etat, tout en renforçant le dispositif de contrôle avec la mise en place d'un plan comptable national spécifique à l'association sportive, en créant une cellule chargée du sponsoring et de la publicité afin d'augmenter la quote-part des clubs dans les frais de billetterie (de 30 à 70%), et que l'Etat doit prendre en charge les frais de déplacement à l'étranger pour les clubs participant à des compétitions internationales et d'autres liés à l'hébergement et au transport pour les équipes de la division une et deux dans le Championnat national avec l'exonération fiscale pour les équipements sportifs spécifiques importés et non produits en Algérie en les dotant de moyens infrastructurels. Concernant l'arbitrage, les participants à cet atelier ont recommandé le renforcement de sa souveraineté à tous les niveaux en appliquant les recommandations des instances internationales, avec la création d'écoles d'arbitrage pour les jeunes de 14 à 18 ans en dotant les arbitres de l'élite d'oreillettes avec l'augmentation de leur indemnité. S'agissant du système de compétition, il a été décidé de mettre en place un système plus performant et mieux adapté à la réalité. Un cahier des charges doit être établi et imposé aux clubs, lesquels doivent répondre aux exigences contenues. Pour le reste, les choses ne devront pas trop changer. Le championnat de division une se composera de 16 clubs. La division deux portera, quant à elle, également, à court terme 16 clubs (actuellement 18 et exceptionnellement cette saison 19). Le changement le plus important concerne l'interrégion où il y aura un groupe supplémentaire. Le ministre s'engage à aider, mais sous conditions Pour finir, et en guise de conclusion, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, s'est engagé à venir en aide à la Fédération, aux ligues et aux clubs pour mettre en place les mécanismes appropriés afin de concrétiser sur le terrain les résolutions adoptées. Il a demandé aux responsables de la FAF de penser, dans les tout prochains jours, à trouver un moyen, comme la constitution d'une commission, par exemple, pour suivre l'application de ces mesures. «Il faut enclencher la mécanique du redressement, à commencer par l'urgence, tout en accordant un intérêt accru à la gestion prospective», a-t-il dit, avant d'affirmer que «les recommandations ne resteront pas lettre morte. Le ministère s'engage aux côtés de la Fédération, des ligues et des clubs pour sortir le football de l'impasse». Tout en reconnaissant que des problèmes peuvent être solutionnés à court terme, contrairement à d'autres qui nécessitent davantage de temps, M. Djiar a estimé qu'il faut «se donner du temps pour s'occuper de la formation». Le ministre a évoqué la nécessité de passer par un championnat à blanc lors des prochaines saisons. Il s'est dit d'ailleurs étonné que la question n'ait pas été évoquée par les participants à ce brainstorming. Seulement, Djiar a émis, lors de son intervention, quelques remarques concernant les recommandations ayant été faites en matière de moyens et de ressources financières. Le financement doit se faire selon les priorités, a-t-il indiqué sans hésiter, avant d'ajouter que «les subventions iront à la formation, aux équipes nationales et aux dépenses obligatoires [salaires des secrétaires généraux et des comptables des clubs]». En dernier lieu, même s'il y a quelques différences sur des démarches à suivre pour sortir le football algérien de sa crise, néanmoins, les différentes parties ayant pris part à cette rencontre de deux jours sont unanimes sur le constat. «Nous sommes tous interpellés devant cette situation. Cela ne relève pas de la seule responsabilité de la Fédération ou du bureau fédéral. La situation est difficile. C'est l'affaire de tous. Il faut conjuguer nos efforts et faire preuve de sagesse dans le travail», a déclaré le président de la FAF, Hamid Haddadj. L'ancienne gloire du football algérien et de la mythique équipe du FLN, Rachid Mekhloufi, a déclaré, pour sa part, qu'«il y a un espoir de relance. Nous n'avons pas le droit d'échouer. Il faut faire redémarrer le football sur de bonnes bases. Jadis en haut de l'affiche, notre football a subi un coup sévère ces deux dernières décennies». D'autres ont été, par contre, un peu plus nuancés, à l'image du sélectionneur national, Rabah Saadane, qui a averti contre «un éventuel replâtrage».