Photo : S. Zoheïr Par Abdelghani Aïchoun L'instabilité chronique au niveau des barres techniques de nos clubs de football notamment constitue l'un des problèmes majeurs du sport-roi en Algérie. Rien que pour la saison qui s'est écoulée, rares sont les clubs de football de division une ou deux qui ont maintenu un entraîneur durant tout l'exercice. Certains d'entre eux, à l'image de l'USM Annaba, pour ne citer que celle-ci, ont battu des records avec quatre ou cinq coachs recrutés durant tout l'exercice. Dans certains cas, c'est les entraîneurs eux-mêmes qui préfèrent quitter la barre. Obnubilés par le gain facile, quelques-uns procèdent de la sorte pour empocher le maximum d'argent. Depuis quelques années, les entraîneurs, surtout des clubs de la division une, ont des salaires assez élevés. Et comme le football algérien, d'une manière générale, n'est plus ce qu'il était et gît dans les profondeurs du classement mondial, tant au niveau de l'équipe nationale qu'à celui des clubs qui n'arrivent plus à s'affirmer sur le plan international, ces entraîneurs ne se préoccupent plus du sort de leur équipe. Un climat de laisser-aller général et de démission qui ne dit pas son nom. Mais, dans la majorité des cas, l'entraîneur est devenu le «fusible» fragile qui saute à chaque mauvais résultat. A chaque contre-performance, les dirigeants de clubs algériens, au lieu d'enclencher un travail sérieux au plan de la formation par exemple, préfèrent «remercier» le coach qui devient le parfait bouc émissaire. Et quand les supporters haussent le ton, le président change de staff technique, qu'il accuse de tous les déboires, pour gagner du temps et faire taire les critiques. Devant une telle situation, devenue intenable, le ministère de la Jeunesse et des Sports a légiféré, durant le mois de septembre de l'année 2006, un statut sur l'entraîneur qui, théoriquement, est censé le protéger de tous les problèmes et apporter un peu de stabilité au niveau de la barre technique des clubs. Ainsi, à titre indicatif, dans son article 16, il est stipulé que la Fédération ou la Ligue nationale de football ne donne qu'une licence de deux ans pour chaque entraîneur. Et dans le cas où il quitte son équipe avant la fin du délai imparti, celui-ci doit impérativement rester deux années avant d'obtenir une seconde licence. L'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, a tenté de faire appliquer ce décret la saison dernière. Certains clubs, qui avaient limogé leurs entraîneurs, se sont vu refuser de recevoir une nouvelle licence pour les coachs nouvellement recrutés, mais, quelques semaines plus tard, et devant les sollicitations de tout le monde, le MJS avait fait machine arrière en avertissant ces clubs que, dès la nouvelle saison, c'est-à-dire celle qui vient de s'écouler, le statut de l'entraîneur serait appliqué. Plusieurs mois après, rien n'a été fait. La valse des entraîneurs continue de plus belle. Il est vrai que ce statut avait soulevé une polémique sans pareille au sein même des entraîneurs. Certains ont applaudi, d'autres ont dénoncé. Pour ces derniers, le rapport entre un entraîneur et un club n'est qu'une relation de travail, et doit ainsi être géré en tant que tel. De plus, il y avait des «ambiguïtés» dans ce statut. Pour plus d'un, il donnait l'impression que c'est l'entraîneur qui est responsable du marasme régnant dans le football national. D'ailleurs, dans le texte, il est stipulé que l'entraîneur obtiendra une licence tous les deux ans, mais rien à propos des clubs. Personne ne peut leur imposer de recruter un coach toutes les deux saisons. En tout cas, au jour d'aujourd'hui, ce nouveau statut n'a pas été mis en application. Les concernés réclament la révision du statut Récemment, lors du brainstorming sur le football national, organisé par le MJS les 17 et 18 mai dernier, les participants ont évoqué la nécessité de réviser ce statut qui, selon eux, présente quelques incohérences. Ils ont également recommandé de «valoriser» les entraîneurs des petites catégories qui, d'après eux, ce qui est vrai d'ailleurs , ne bénéficient pas de toute l'attention qu'il faudrait de la part des dirigeants de club. alors que les entraîneurs des équipes A ou seniors perçoivent des sommes astronomiques, ceux des cadets, minimes ou mêmes juniors ne touchent que des miettes. Les participants au brainstorming ont demandé à ce que le statut de l'entraîneur soit révisé durant le second semestre de l'année en cours. A moins que cette rencontre ne soit qu'un rendez-vous comme tant d'autres pour faire croire que les uns et les autres sont préoccupés par ce qui se passe dans notre football. En tout cas, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, s'est engagé, lors de son intervention de clôture, à ce que son département fasse tout pour mettre en application ces recommandations, en collaboration, bien sûr, avec l'instance concernée, à savoir la Fédération algérienne de football (FAF). D'ici là, les uns et les autres continueront à recruter et à limoger à leur guise, et ce, au détriment d'une stabilité qui peut être bénéfique pour les clubs. En dernier lieu, pour en revenir au statut de l'entraîneur de 2006, il faut dire que ce texte renferme certains points positifs pour le coach algérien. D'emblée, il fixe les droits, les obligations et la catégorie de l'entraîneur. A ce titre, il y a trois sortes de coachs. L'entraîneur de l'équipe nationale, l'entraîneur adjoint de l'équipe nationale et l'entraîneur d'un club. L'entraîneur de club est classé par niveau de qualification et de compétition : entraîneur de niveau 1 (entraîneurs et adjoints des clubs professionnels et centres de formation pour les catégories seniors, juniors et cadets), entraîneur de niveau 2 (clubs semi-professionnels et amateurs de division une et deux), entraîneur de niveau 3 (interrégions et club régionaux) et entraîneur de niveau 4 (clubs de wilaya). Quant à l'entraîneur national et son adjoint, ils sont classés en trois catégories : catégorie A (entraîneur de l'équipe nationale A), catégorie B (sélection espoirs et féminine) et catégorie C (sélections jeunes, juniors ou cadets). Ce texte évoque également la notion d'entraîneur de haut niveau. Ne peut se prévaloir de ce statut que celui qui a réalisé une performance mondiale. Il y a également dans ce texte les modalités et conditions d'exercice de la fonction d'entraîneur. Grosso modo, ne peut exercer cette fonction que celui qui est titulaire d'un diplôme. Une annexe a été jointe à ce statut qui fixe les primes des entraîneurs dans les différentes compétitions internationales. A titre d'exemple, lors des jeux Olympiques, un entraîneur obtiendra, pour les sports individuels, une prime de 250 millions de centimes s'il arrache une médaille d'or pour les spécialités olympiques. Pour les sports collectifs, il obtiendra une prime de 200 millions de centimes s'il arrache la première place. Ce qui est assez intéressant. Par contre, pour la Coupe d'Afrique des nations, l'entraîneur qui obtiendra la première place aura droit à une prime de 60 millions de centimes, c'est-à-dire moins d'un salaire de l'actuel sélectionneur national. Il est clair que ce texte mérite une révision, mais dans tous les cas de figure, la fonction d'entraîneur ne peut continuer à s'exercer dans les conditions actuelles. L'ordre s'impose…