Le constat du marasme du football national a été établi depuis plusieurs années sans qu'un vrai travail de relance, préalablement réfléchi, soit enclenché. Le ministère de l'ère Djiar a cru bon d'organiser une rencontre entre des membres dits de la famille du foot national pour débattre de la crise dans laquelle est plongée la discipline. Des recommandations ont été faites dans ce sens. Estimant que le mal se situe en matière d'aménagement des postes, les participants ont énuméré une liste de propositions qu'ils jugent en mesure de «soigner» le foot malade. L'évaluation a été pourtant faite auparavant. Il est établi qu'aussi bien au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports qu'à la Fédération algérienne de football, on ne trouve que quelques insignifiants indices quant à l'existence d'une politique de sortie de crise. Et quand il y a un plan qui est mis en place comme c'est le cas actuellement chez la tutelle, sa mise en application fait cruellement défaut. On continue dès lors à justifier les sommes d'argent dépensées pour un travail souvent approximatif. Au niveau de la fédération, les choses n'ont pas avancé d'un iota. On est, d'ailleurs, attentifs aussi bien à ce que disent les présidents qu'aux propositions et critiques émises par les hommes du métier. Le constat renseigne aussi sur la faillite de nos clubs, dont les dirigeants ne voient pas au-delà du week-end de la rencontre. L'évaluation dit que le nombre d'entraînements qu'effectue le jeune joueur algérien est très insuffisant. Insuffisant pour lui apprendre comment se replacer une fois la balle récupérée par l'adversaire. Aujourd'hui, nul n'ignore que nombre de ceux qui dirigent les clubs algériens n'ont rien à voir avec la discipline, qu'ils ont fini par envoyer au cimetière. Les clubs de l'élite n'arrivent pas à lancer au moins cinq joueurs juniors au début d'une saison sportive n'apportant rien de performant. La défaillance ne doit pas rester en marge. Si, puisque chaque été, les amoureux du football n'entendront parler que de recrutements à coups de milliards, à l'image de ce qui se passe. Des présidents ne se gênent pas pour courir derrière des éléments réellement d'un niveau tout juste moyen. A ce rythme, tout le monde sera perdant : la progression du joueur en subira un coup, de même que la stabilité des deux équipes, celle qu'il vient de quitter et celle qu'il vient de rejoindre. La mesure la plus appropriée, à notre sens, est que l'Etat apprenne à être présent dans la gestion des affaires des clubs d'autant plus que ces derniers roulent avec l'argent public. Il est pour le moins surprenant que ceux qui se sont réunis, la semaine dernière à Dely Brahim, soient d'accord pour revendiquer plus de subventions et de garanties des pouvoirs publics sans réserver un petit chapitre aux «cursus des directeurs». Incontestablement, nos clubs manquent d'infrastructures dignes de ce nom. Mais le manque le plus frappant, c'est plutôt la valeur du club. Cette dernière est naturellement définie par son organisation et par sa composante. Les problèmes au niveau des clubs, s'ils n'apparaissent pas suite au «génie» du cher président, sont souvent déclenchés à cause de son entourage, dont le choix de la composante n'obéit à aucun critère objectif. Ils sont nombreux à se délivrer le statut de responsable dès qu'ils applaudissent toutes les décisions du président et trouvent des explications quand le club ne réalise pas ses objectifs. Arrivons, maintenant, à cette question : est-ce que nos clubs répondent tous aux critères d'élite ? La réponse est claire. Ils sont rares à pouvoir satisfaire les exigences du professionnalisme. Des exemples ? Des clubs ne disposent pas de stades pour recevoir leurs adversaires. L'entraîneur et les joueurs ne savent pas où se font les séances d'entraînement. La ligue de football n'arrive pas à programmer la rencontre du week-end, la télévision ne peut rien prévoir. Résultat : rien ne marche. D'autres interrogations s'imposent : les juniors s'entraînent-ils au moins cinq fois par semaine ? Bénéficient-ils d'équipements et de soins en cas de blessure ? La réponse est négative. Les juniors de nos clubs passent leur temps à chercher un terrain. Ils sont abandonnés dès qu'ils contractent une blessure. A leur famille de supporter les frais des soins. Un club, ça se construit. Au lieu d'évoquer un probable changement du système de compétition, souhaité -comble de déraison- par le premier responsable du secteur, il est plus judicieux d'alerter sur une opération de sélection qui toucherait toute la planète du foot national à l'issue de laquelle il ne sera délivré d'agrément de club qu'à celui qui répondra aux critères de pratique de la discipline selon les normes universelles. Une fois l'opération achevée, nous n'assisterons plus aux scénarios de match pour la domiciliation desquels on n'a pas trouvé de stade. Le niveau du championnat national ne s'améliorera jamais s'il continue à compter des formations sans domicile fixe. Les petites catégories méritent plus d'égards. Le temps où l'entraîneur des juniors n'était pas payé à la fin du mois est révolu. Le football moderne n'est pas une «touiza», ni encore du bénévolat comme se plaisent à le déclarer certains responsables dès qu'ils essuient des critiques nées d'un bilan négatif. Les acteurs du football algérien n'ignorent pas, aujourd'hui, les raisons de la décadence. Ils n'arrivent pas, du moins dans les formes, à s'entendre sur la stratégie à mettre en place. Ils ne s'entendent pas, parfois, sur la composante. La leçon, à deux niveaux, est pourtant simple à retenir : Il ne fallait plus renouveler les procédés ayant généré cette régression. Une prévention qui ne saurait être efficace sans un changement du personnel footballistique. Autrement dit, une seconde réforme, plus que jamais réclamée par de nombreux acteurs, n'est pas liée à la disposition de l'Etat à assurer de l'argent, ni encore à un changement du système de compétition. C'est une affaire d'intégrité, de probité et de compétence. A quand le prochain brainstorming ? A.Y.