Dans deux ou trois ans, la fusion entre l'italien Fiat et l'américain Chrysler sera ficelée. C'est du moins ce qu'a déclaré vendredi dernier le patron de Fiat, Sergio Marchionne, à San Francisco. L'information a été rapportée par les médias italiens. «Fiat et Chrysler ? Dans les deux ou trois prochaines années, nous pourrons voir une seule entité. Elle pourrait être basée ici aux Etats-Unis», a en effet déclaré M. Marchionne, cité par Il Corriere della Sera. «Il faudra cependant d'abord intégrer les entreprises et ensuite examiner la gouvernance», a-t-il ajouté. Ces déclarations n'ont pas manqué de faire grand bruit en Italie, où Fiat est considéré comme un symbole national. Le maire de Turin, où se trouve aussi le siège historique du groupe, a exigé une «clarification immédiate». «Il est évident qu'un groupe international peut avoir plusieurs sièges, mais ça serait différent si la maison-mère était aux Etats-Unis», s'est inquiété Sergio Chiamparino. Plusieurs responsables politiques, notamment de gauche, se sont également indignés devant cette annonce. Face à cette levée de boucliers, le ministère du Travail et des Affaires sociales a publié samedi un communiqué faisant état d'une conversation téléphonique entre le ministre Maurizio Sacconi et M. Marchionne, qui serait revenu sur ses déclarations. Selon ce communiqué, «M. Marchionne a expliqué le sens des hypothèses formulées avec une référence exclusive à de futurs et possibles, mais absolument pas encore décidés, projets de la société, sans aucune référence ni pour aujourd'hui ni pour demain à une nouvelle localisation des instances dirigeantes de la société». En outre, une rencontre entre M. Marchionne et le ministre du Développement économique Paolo Romani devrait avoir lieu cette semaine, selon l'agence italienne Ansa. Cette polémique intervient alors que M. Marchionne est déjà accusé par certains syndicats et responsables politiques de «chantage» après l'adoption d'un accord durcissant les conditions de travail dans son usine de Mirafiori à Turin. La Fiom, branche métallurgie de la CGIL (gauche), le plus grand syndicat italien, a été la seule organisation à rejeter cet accord, dont dépendait la survie de l'usine, mais il a été approuvé par 54% des salariés lors d'un référendum. Considéré comme un tournant dans le pays, l'accord de Mirafiori, qui prévoit des rotations de nuit et plus d'heures supplémentaires, passe par la mise au point d'un contrat spécifique pour l'usine dont les ouvriers ne dépendront plus de la convention collective de la métallurgie. Point très controversé, la Fiom n'aura plus le droit d'avoir des délégués à Mirafiori car seuls les syndicats signataires pourront en nommer. Sergio Marchionne veut généraliser les accords approuvés à Mirafiori et auparavant à Pomigliano en juin dernier aux autres usines italiennes pour y améliorer la productivité. Il en a fait la condition sine qua non au lancement d'investissements dans le pays, et peut-être aussi désormais au maintien du siège de Fiat en Italie.