Ce plan de sauvetage ne devrait entraîner ni suppressions d'emplois, ni fermetures immédiates d'usines. Le président Barack Obama a annoncé, ce week-end, le dépôt de bilan de Chrysler en même temps qu'une alliance avec l'italien Fiat. Cette dernière doit non seulement assurer la survie du groupe américain, mais faire de lui le 6e constructeur automobile mondial. L'opération de sauvetage de l'un des trois grands constructeurs de Detroit prévoit une prise de participation initiale de 20% et pouvant aller jusqu'à 35% de Fiat dans Chrysler. Sous conditions, Fiat pourra prendre à terme 51% ou plus de Chrysler. Le gouvernement américain va opérer une intervention historique dans l'industrie automobile en prenant 8% de Chrysler. Le Canada, où travaillent plus de 9400 des 54.000 salariés mondiaux de Chrysler, prendra 2%, et un nouveau fonds assurant la couverture santé des retraités de Chrysler recevra 55%, a également indiqué la Maison-Blanche. Le gouvernement américain se dit prêt à accorder 8 milliards de dollars supplémentaires à la survie de Chrysler, en fonds de roulement pendant le dépôt de bilan et en prêts au-delà. Le gouvernement fédéral canadien et celui de la province de l'Ontario vont, quant à eux, débourser 2,4 milliards de dollars américains. Selon de hauts responsables de l'administration, le plan ne devrait entraîner ni suppressions d'emplois, ni fermetures immédiates d'usines. En revanche, le P-DG, Robert Nardelli, actuel patron de Chrysler, a indiqué qu'il ne resterait à son poste que le temps de gérer la sortie de la procédure de faillite. Quant à la procédure de dépôt de bilan, elle a été introduite dès jeudi dernier devant un tribunal new-yorkais. Une première audience ayant eu lieu vendredi, mais c'est demain que s'ouvrira le débat approfondi sur la restructuration, comme annoncé par un haut responsable de l'administration. La procédure sera courte - entre 30 et 60 jours - et «chirurgicale», selon un responsable s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Ce dépôt de bilan n'est pas «un signe de faiblesse, mais bien plus un pas supplémentaire sur la voie clairement tracée menant à la survie de Chrysler», a clarifié M.Obama, président des Etats- Unis d'Amérique. Comptant 38.000 salariés aux Etats-Unis, Chrysler, victime comme le numéro un américain General Motors de la crise économique, de la chute de ses ventes et de ses erreurs stratégiques, se bat depuis des mois pour sa survie. Depuis décembre, Chrysler a reçu 4 milliards de dollars. En échange du maintien de l'aide fédérale, Chrysler et GM ont été sommés de soumettre des plans de restructuration drastiques. M.Obama a recalé les premières versions en mars et donné jusqu'à la fin avril à Chrysler, et un mois de plus à GM, pour présenter des projets garantissant un retour à la viabilité, sans nouvel argent du contribuable. Les syndicats ont fait des concessions considérables pour réduire les coûts, l'ancien propriétaire Cerberus également, ainsi que les grandes banques détentrices de 70% de la dette. Mais vers la fin du mois écoulé, des banques plus petites et des fonds d'investissements ont refusé l'offre du Trésor de recevoir 2,25 milliards de dollars en numéraire en échange de l'effacement de 6,9 milliard de dette. Le gouvernement a donc conclu que la meilleure solution pour Chrysler était de poursuivre son effort de restructuration en se plaçant sous la protection garantie par le chapitre 11 de la loi sur les faillites. En même temps, le gouvernement a poussé à l'alliance avec Fiat. Selon un haut responsable, l'italien apportera à Chrysler, propriétaire des marques Jeep et Dodge, et spécialisée dans les gros modèles, sa technologie de véhicules moins gourmands. Il ouvrira aussi à Chrysler son réseau de distribution en Amérique latine et en Europe. Le patron de Fiat, Sergio Marchionne, a souligné que l'accord allait permettre à son entreprise de revenir sur le marché américain, quitté au début des années 1990.