Photo : Riad Par Mekioussa Chekir C'est à une véritable «révolution constitutionnelle» qu'a appelé, hier, le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), aile de Me Hocine Zehouane, lors d'une conférence de presse animée à Alger autour du thème de «la révolution et contre-révolution dans le monde arabe». Le conférencier estime, à ce propos, qu'aucune Constitution n'a jamais été respectée et préconise des «institutions stables et effectives» que se transmettront les générations et qui obligeraient tout le monde à les respecter, «y compris ceux qui ont la charge de les faire fonctionner». Et de préciser que même un système présidentiel ne peut fonctionner quand bien même le chef de l'Etat pourrait être un «personnage éclairé», car, ajoute-t-il, «l'exercice démocratique ne peut se concentrer dans un seul personnage infaillible». Me Zehouane ne suggère pas moins qu'un «renversement» à travers une Constitution-cadre en ce sens que la loi fondamentale doit être «l'œuvre de techniciens et d'un aréopage de sages pour garantir l'authenticité démocratique avec de vraies élections et un fonctionnement régulier du gouvernement». Pour le conférencier, une Constitution-cadre est à même d'assurer un dispositif juridique afin d'empêcher qu'elle soit transgressée. Et d'estimer que le chef de l'Etat ne doit pas avoir de fonctions exécutives, mais surtout celles de gardien et de garant de la Constitution et de commandant des forces armées, lesquelles forces doivent être également «imprégnées de la mission de gardienne de la Constitution». Le président de la Ligue des droits de l'Homme lance, par ailleurs, un appel aux dirigeants du pays afin «d'anticiper dès maintenant sur les éventuelles explosions à travers des procédures de refondation constitutionnelle, des réformes économiques et des mesures sociales pour éviter de se retrouver dans une impasse aux conséquences fâcheuses». Interrogé sur la décision du chef de l'Etat de lever la mesure de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1992, le conférencier rappellera d'abord que, lors de la promulgation de la loi y afférente, il avait été signataire d'un communiqué pour dénoncer «le jeu néfaste de l'état d'urgence» et la «déportation» de milliers d'Algériens vers les camps du Sud algérien. Tout en rappelant également que c'est le défunt Mohamed Boudiaf qui avait signé le décret de cette décision, Me Zehouane remet en cause le fait que ce dernier soit devenu un «héros national» et en appelle à la levée de toutes les équivoques qui entourent cette question. A ses yeux, cette mesure est «illégale» car ne reposant sur aucune assise juridique dans la mesure où la Constitution prévoyait une durée de vie de douze mois. Il en est de même pour la Constitution de 1996 qui n'a pas été non plus respectée à ce sujet.