Même si les accidents de la circulation ont sensiblement baissé depuis le durcissement du code de la route, le nombre des morts et de blessés demeure toujours dramatiquement élevé et endeuille quotidiennement de très nombreuses familles. Le bilan livré par la Gendarmerie nationale pour la seule semaine du 19 au 25 janvier de cette année fait état de plus de 300 accidents ayant provoqué la mort de pas moins de 40 personnes et fait près de 600 blessés. Des chiffres qui, convenons-en, restent dangereusement élevés et auraient pu faire la une des journaux si l'actualité mondiale n'avait pas été marquée par les événements historiques qui secouent un certain nombre de pays arabes. Les principaux facteurs mis en cause par les spécialistes dans ces accidents de la route restent l'excès de vitesse, la perte de contrôle du véhicule, les dépassements dangereux ou encore les manœuvres dangereuses. Soit une évidente responsabilité humaine qui, si elle remet sur le tapis la mauvaise formation des conducteurs, le rôle des auto- écoles et le phénomène de la vente des permis de conduire, n'explique pas, à elle seule, ces drames. L'état défectueux du réseau routier, la mauvaise, voire l'absence de signalisation, la problématique des pièces de rechange contrefaites sont également des causes à scruter de près par les autorités algériennes dans la lutte contre les accidents de la route, en parallèle au travail de sensibilisation à la sécurité routière et la démarche globale impliquant tous les acteurs de la société auxquels elles appellent. En termes de réalisation et/ou de réfection du réseau routier, les efforts déployés par les pouvoirs publics, quand bien même ils seraient appréciables, sont jugés insuffisants tant sur le plan quantitatif - au regard des sommes englouties par la réalisation des nouveaux projets - que qualitatif, les aléas climatiques mettant à nu de graves carences qui interpellent les structures de contrôle sur la rigueur avec laquelle les travaux ont été conduits dans le contexte d'urgence qui avait marqué l'époque. Les exemples des malfaçons sont légion et il suffirait de citer ici celui de la double voie qui conduit au Centre des conventions d'Oran, une des wilayas qui figure en tête du classement morbide des accidents. Réalisée en un temps record pour les besoins du GNL 16 si cher à l'ancien ministre de l'Energie, cette route (qui, par ailleurs, souffre d'une très mauvaise signalisation) se transforme en une succession de mares d'eau dès les premières averses, ce qui ne manque évidemment pas de présenter bien des dangers aux usagers. Et lorsque l'occasion leur est donnée, les automobilistes n'hésitent pas à décrier l'état des routes et l'absence de signalisation les amenant parfois à commettre de graves fautes à l'origine d'accidents. Dans ce cas précis, les autorités assurent que les victimes-coupables peuvent poursuivre les autorités, mais cela ne s'est encore jamais produit. La peur de la bureaucratie et de l'injustice contraint les automobilistes au renoncement, quitte à rater l'occasion de (peut-être) faire jurisprudence. S. O. A.