Plusieurs responsables d'organismes activant dans les technologies de l'information et de la communication ont mis à l'index le cadre réglementaire et législatif, qui n'accompagne pas l'évolution que connaît le secteur des TIC. C'est l'idée principale qui se dégage des différentes interventions hier lors d'une table ronde organisée à El Moudjahid. Le président de l'association des fournisseurs d'Internet ISP, M. Boukaaba, a expliqué dans ce sens que les opérateurs économiques ne peuvent pas travailler dans l'instabilité juridique. Exemples à l'appui, l'orateur évoquera, entre autres, les contraintes bureaucratiques et les textes législatifs qui changent du jour au lendemain. Pour lui, l'opérateur ne peut pas travailler et même monter ses projets, alors que les lois changent périodiquement. Bien que la problématique posée hier concerne l'utilisation des TIC dans le domaine économique, l'orateur a préféré évoquer le problème dans sa globalité, estimant que «la question est beaucoup plus profonde». Elle touche, souligne-t-il, tout le système économique. En d'autres termes, l'environnement économique est vital pour la réalisation de tout projet dans les TIC. M. Boukaaba n'a pas ménagé les responsables qui, juge-t-il, légifèrent dans la «suspicion». «Il faut que l'Etat lève la main sur l'économie du pays pour libérer les initiatives», a-t-il suggéré, précisant au passage que les lourdeurs bureaucratiques ont poussé pas moins de 26 000 ingénieurs et techniciens en informatique à quitter le pays. Le représentant du ministère des TIC, M. Benmehrez, a abondé dans le même sens, affirmant que le cadre juridique est «hostile». Avec 100 000 personnes qui activent dans le secteur, notre pays est toujours à la traîne, soutient-il. L'investissement dans le secteur évalué actuellement à 4 milliards de dollars est insuffisant, ajoute M. Benmehrez, pour qui la même somme sera consacrée à l'avenir pour le développement du contenu. Dans la foulée, il a indiqué que dix ministres ont conclu des partenariats avec le département des TIC pour développer des services en ligne «informationnels et transactionnels». Pour sa part, le directeur d'Animapp, M. Younes Grar, une entreprise spécialisée dans le développement des applications mobiles, s'est interrogé sur la disparition en Algérie des entreprises qui travaillent dans le secteur au moment où, ailleurs, elles connaissent une évolution fulgurante. Le même responsable qui a dévoilé une nouvelle application permettant le paiement via le mobile a regretté le fait que le nombre des sites internet ne dépasse pas les 10 000, alors que le nombre des entreprises frise le million actuellement. Pour lui, il n'est pas même pas question de parler aujourd'hui du développement de fond, des mises à jour qui ne représentent que des poussières par rapport au potentiel qui existe. Evoquant l'application développée par cette entreprise, M. Grar a assuré qu'elle permettra de réduire la crise des liquidités qui ne cesse de prendre de l'ampleur, mais aussi de faciliter les transactions commerciales pour les commerçants et les consommateurs. S. B.