C'est devenu un rituel. Chaque année, le Ramadhan s'accompagne inévitablement d'une inflation des prix et de comportements boulimiques. Il faut dire que les Algériens ont un comportement incompréhensible avec le mois de jeûne. Ils ne sauraient le concevoir sans les ruées vers les marchés et sans l'envie frénétique et incontrôlable de tout acheter. Ils dénoncent la hausse des prix, sans pour autant boycotter les produits aux coûts prohibitifs et pas toujours indispensables de surcroît. C'est désormais un scénario classique. On appréhende l'arrivée de la période de jeûne, on commencer à tâter le pouls du marché pour constater que les commerçants ne dérogent pas à la règle, puis on se précipite sur tout ce qu'on peut mettre sous les yeux, et non sous la dent, car une grande partie de la nourriture finit inévitablement dans les poubelles. On ne résiste pas à la tentation devant les étals bien approvisionnés, quitte à ne pas manger ce pour quoi on s'est saigné. La première cuillérée de chorba, puis la première gorgée de café font ouvrir les yeux devant un tel gaspillage. La fièvre des achats tombe alors que la première semaine n'est pas bouclée. On le sait pertinemment, mais on ne saurait s'y soustraire. Les poches se vident à mesure que le panier, ou plutôt les sachets se remplissent de tout ce qui doit garnir la table. Brioches, variétés de pain, pâtisseries, friandises de toutes sortes, tout ce qu'on ne pourra jamais avaler. On multiplie les plats pour se retrouver devant une nourriture qu'on ne mangerait pas forcément le lendemain. Forts de ces comportements gargantuesques des consommateurs, les commerçants savent à quoi s'en tenir. Les tarifs montent en flèche à l'approche du Ramadhan, en dépit des appels à la raison d'une union (des commerçants) qui n'arrive plus à se faire entendre. La tension sur les prix tombe après la première semaine, exactement au moment où disparaît la frénésie qui s'empare des jeûneurs lorsqu'arrive ce mois. Un portefeuille désemparé, des ennuis gastriques, la fatigue et on retrouve la raison pour le reste du mois. R. M.