Photo: Makine F. La date du 13 février 1960 figure dans le tableau noir du colonialisme français en Algérie. Aujourd'hui, la nation commémore le cinquantenaire des essais nucléaires français effectués dans le grand sud, précisément à la localité de Reggane (Adrar). L'occasion, comme d'habitude d'ailleurs, est de remettre sur la table les rapports historiques entre les deux pays. L'indemnisation des victimes des essais constitue le point focal des débats sur la question. Maitre Mustapha Farouk Ksentini plaide l'«urgence» d'indemniser les personnes atteintes des effets des essais d'autant plus, dit-il, ces personnes sont actuellement en âge avancé : «La réticence des Français n'est pas compréhensible mais cela devait être fait». Il fera savoir dans le même volet que le projet criminalisant le colonialisme français, élaboré ces derniers temps par des députés de l'APN, comporte un ensemble d'articles où figurent des indemnités pour la totalité de l'époque coloniale, traduire les criminels de guerre devant la justice, et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires effectués au sud du pays. «Nous n'avons pas le nombre de personnes victimes des essais, mais ce qui est à savoir est que les effets sont encore là et resteront pour de longues décennies. Les effets de la radioactivité restent pour des siècles et c'est l'explication donnée par des chercheurs spécialisés dans le domaine», souligne le juriste. Les effets des essais nucléaires, atmosphériques à Reggane et souterrains à Tamanrasset, continuent, selon des recherches en cours, à se faire ressentir avec des pathologies caractéristiques des radiations. Ainsi, comme démontré par de nombreuses études, les populations de Reggane et d'In Ekker à Tamanrasset souffrent encore des effets de ces essais qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et engendré des maladies graves. Pire encore, des rapports et autres témoignages relatifs aux essais de Reggane soulignent qu'aucun avertissement n'a été donné, en effet, à la population locale pour se prémunir des effets de la radioactivité. Bien au contraire, la barbarie coloniale est allée jusqu'à exposer des centaines de prisonniers à des poteaux à environ 01 km de l'épicentre. L'objectif «scientifique» étant de voir les effets des radiations sur ces cobayes humains, témoigne-t-on. Dans le même registre, Me Ksentini trouve légal le projet de loi criminalisant le colonialisme. Ce projet, à qui je m'adhère pleinement d'ailleurs, a des fondements juridiques et moraux à la fois». «Le colonialisme est un acte condamnable. La morale et la conscience humaine ne l'admettent pas. Donc, il est tout à fait légitime d'élaborer un projet de loi qui criminalise cette pratique», a-t-il encore ajouté.