Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Les réactions suite à la décision du gouvernement de dépénaliser l'acte de gestion se multiplient. Jeudi dernier, c'est le P-DG de la compagnie aérienne nationale Air Algérie, M. Abdelwahid Bouabdallah, qui a commenté cette décision, estimant qu'«il est nécessaire de déterminer avec exactitude l'acte normal de gestion non pénalisable et l'acte anormal de gestion pénalisable». S'exprimant sur les ondes de la radio nationale, le patron d'Air Algérie s'est dit contre «l'impunité des actes graves de mauvaise gestion» et pour une implication des gestionnaires dans l'élaboration d'un code algérien des affaires, conforme aux normes universelles. Il juge aussi que «le contrôle et l'instruction des forfaits de gestion nécessitent des enquêteurs et des juges formés et spécialisés en gestion d'entreprise». Bouabdallah a cependant regretté le fait que «de nombreux hauts gestionnaires ont été sévèrement punis pour avoir commis des erreurs insignifiantes et que, d'autres, innocents, ont été emprisonnés durant des années puis relâchés sans jamais être indemnisés ou réintégrés dans leurs postes». Dans la foulée, il a souligné que «beaucoup de chefs d'entreprises publiques ont été mis en prison à cause d'un code des marchés qui, en fait, ne concernait pas le secteur public. Il ne l'est devenu que récemment». Et pour cela, préconise-t-il, il est nécessaire d'élaborer plusieurs codes des marchés en tenant compte des spécificités des secteurs et des entreprises qui y activent. «Les négociations dans le cadre des passations de marchés sont souvent synonymes de risques de fraude. Or, le code des marchés le permet, à condition d'établir un cahier des charges sérieux et clair», a-t-il expliqué. Il a également plaidé pour une révision du Crédit documentaire (Credoc). Cette mesure, estime-t-il, «n'est une bonne chose qu'en façade». Le Credoc «a permis surtout l'enrichissement des sociétés chargées de délivrer des certificats de conformité». Cette réglementation introduite par la loi de finances complémentaire de 2009 a causé des pertes financières à Air Algérie qui «se chiffrent en millions de dollars». Par ailleurs, Bouabdallah a évoqué les investissements de la compagnie pour renforcer et renouveler sa flotte. Ainsi, elle a consacré une enveloppe financière de plus 700 millions de dollars à l'acquisition de nouveaux avions. Il s'agit des 4 derniers Boeing 737 inscrits dans le cadre du programme de renforcement de sa flotte comprenant au total 11 appareils, 4 «petits porteurs», d'une capacité de 70 places, destinés à la desserte de régions enclavées, 7 gros porteurs de 250 places, ainsi que des avions pour les évacuations sanitaires. Le personnel d'Air Algérie a été également renforcé avec plus de 1 000 nouveaux travailleurs. La compagnie compte aussi se doter de «meilleurs» outils de gestion et de contrôle de la facturation des billets. S'agissant de la modernisation des structures, Bouabdallah a regretté le fait que le paiement des billets d'Air Algérie via Internet est considéré par les autorités compétentes comme «un moyen non sûr» : «Nous avons travaillé durant plus d'une année notamment avec la Crédit populaire d'Algérie (CPA) pour mettre en place une plate-forme permettant l'achat en dinars des billets d'avion de la compagnie, et après on nous a dit que ce n'est pas un moyen de paiement sûr [...]. Quand nous nous adressons à la Banque d'Algérie, ils nous disent que c'est le ministère des Finances et vice-versa» M. Bouabdallah a annoncé qu'une nouvelle réduction des prix pour les personnes âgées sera bientôt appliquée.