Les réformes successives, introduites ces dernières années dans le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, suscitent la polémique. Si la tutelle parle de réussite et de succès, les étudiants et le corps enseignant restent divisés sur la question. Le système LMD (licence-master-doctorat), lancé au début des années 2000 dans les filières techniques et récemment élargi à toutes les spécialités, ambitionnait de mettre la compétence et le savoir-faire au cœur même de l'acte pédagogique. Délaissant quelque peu le volet théorique et académique, en suscitant les critiques acerbes de certains syndicats d'enseignants et de quelques organisations estudiantines, cette nouvelle approche se propose de supprimer progressivement les cloisons qui séparent le monde de l'entreprise de l'environnement universitaire. Pour les défenseurs du système LMD, l'étudiant verra une partie de sa formation se confondre avec l'activité productive, le professeur y exercera comme un expert et comme un manager, et le chercheur pilotera des projets générateurs de richesses et sera le moteur de la puissance de son établissement grâce à son apport en sciences fondamentales. «Les chercheurs seront la pierre angulaire de cette nouvelle configuration parce qu'ils intégreront les logiques de marché de manière spécifique, d'autant que la recherche fondamentale fonctionne selon une horloge tout à fait différente de celle qui règle la cadence des entreprises. Il s'agit là d'un changement profond dans les comportements et dans les méthodes de travail aussi bien à l'université que dans l'entreprise», a expliqué le recteur de l'université de Béjaïa, Djoudi Merabet, en fervent défenseur du système LMD. L'initiative, de premier abord, paraît louable. Mais, a-t-on préparé préalablement les entreprises algériennes, publiques et privées à soutenir cet ambitieux projet ? Les institutions et les pouvoirs publics ont-ils apporté une quelconque contribution dans ce sens ? La réponse est évidemment négative. Ces deux partenaires principaux n'ont pas joué leur rôle, ou si peu, faute de concertation. Il est vrai que les entreprises économiques doivent absolument se moderniser pour faire face aux défis de la qualité et de la productivité. Il leur faut pour cela du sang neuf. C'est naturellement au sein des universités et des écoles supérieures qu'elles trouveront les solutions à leurs difficultés. Ce rapprochement entre l'université et l'environnement économique doit se faire autour de la recherche sur la base d'un partenariat exigant et mutuellement bénéfique. C'est ce partenariat qu'on doit mettre impérativement en place pour garantir la réussite de ce nouveau système. Un étudiant qui achève son cursus sans le moindre stage à son CV, sans aucune perspective d'emploi, ni le moindre contact avec le monde de l'entreprise et du travail, a légitimement le droit de dire que le LMD a été un échec pour lui. Un jeune inventeur auquel on ferme les portes de l'entreprise est également en droit de dire que cela n'a pas marché. Cependant, il appartient aussi à l'université de se mettre au diapason des préoccupations réelles de la sphère économique. Un chercheur qu'on sollicite doit être tenu aussi par des exigences de performance et de qualité. On doit en finir aussi avec l'usurpation de ce statut d'enseignant-chercheur qui ne cherche rien de «concret». K. A.