Le chef de l'Etat sortant centrafricain François Bozizé, 64 ans, a officiellement été réélu président de la République après la proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats du scrutin du 23 janvier, qui sont contestés par l'opposition. La Cour a un peu modifié les chiffres annoncés le 1er février par la Commission électorale indépendante (CEI) en enregistrant des résultats de bureaux de vote écartés par la CEI. L'opposition, qui rejette les résultats et a dénoncé de nombreuses «irrégularités», avait notamment affirmé que 1 262 des 4 618 bureaux de vote du pays n'avaient pas été comptabilisés, soit une occultation de 25% des votants. La Cour a officiellement comptabilisé 4 049 bureaux sur les 4 618, «ne prenant pas en compte» 569 bureaux «litigieux». Bozizé voit son total de voix augmenter de 607 184 à 718 801, mais son pourcentage baisse de 66,08 à 64,37%. Il reste toutefois largement au-dessus de la majorité absolue. L'ancien président Ange-Félix Patassé passe de 20,10 à 21,41% (139 279 voix), l'ancien Premier ministre Martin Ziguéléde 6,46 à 6,80% (75 939 voix), l'économiste Emile Gros-Raymond Nakombo de 4,64 à 4,61% (51 469 voix) et l'ancien ministre de la Défense et représentant de l'ex-rébellion de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie et le développement (APRD) Jean-Jacques Demafouth de 2,72 à 2,79% (31 184 voix). Dans son premier message radiotélévisé à la nation après sa réélection, François Bozizé a, lui, considéré qu'«à partir du moment où les résultats sont proclamés par la Cour constitutionnelle, cela signifie que tout est clair et que tout le monde doit s'y conformer». Bozizé a également annoncé que son investiture aurait lieu le 15 mars, date anniversaire de son coup d'Etat qui l'avait vu renverser deux de ses adversaires à la présidentielle, Patassé et Ziguélé. Bozizé a fait appel à leur «sens patriotique [...] afin de préserver la paix chèrement acquise». «Nous ne sommes pas des ennemis. Nous sommes des compatriotes ayant des approches différentes pour notre pays, mais tous guidés par l'essentiel : l'intérêt général. La passion de la campagne électorale ne peut nullement remettre en cause ce fondamental», a-t-il ajouté. Arrivé au pouvoir en 2003, Bozizé avait été élu pour un premier mandat en 2005. Quelque 1,8 million des 4,4 millions de Centrafricains avaient été appelés aux urnes le 23 janvier, lors des élections présidentielle et législatives. La paix a été au centre de la campagne de ce pays riche en matières premières (uranium, diamants, bois, or), mais ruiné par des années d'instabilité et dont la population vit dans la pauvreté. R. I.