Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, déstabilisé par le scandale sexuel «Rubygate» pour lequel il devrait être jugé à partir du mois d'avril, est déterminé à s'accrocher à son poste, fort du soutien réaffirmé du chef de la Ligue du Nord, Umberto Bossi. El Cavaliere n'a fait aucune déclaration publique depuis l'annonce, mardi matin, de son renvoi en justice, le 6 avril à Milan pour avoir rétribué les services sexuels d'une mineure, Ruby, et avoir abusé de sa fonction en la faisant libérer en mai après son interpellation pour vol présumé. Mardi dernier, il a reçu l'appui d'Umberto Bossi. «Ne tiens pas compte des rumeurs, je suis avec toi», lui a dit, selon des proches, le patron du parti populiste, sans lequel Berlusconi n'aurait plus de majorité au Parlement. Même si le Cavaliere est, comme le note Stefano Folli du journal Sole 24 Ore, «un cas unique dans l'histoire récente des démocraties occidentales» de Premier ministre renvoyé en justice pour des délits à caractère sexuel, il entend «résister» à tout prix. Sa stratégie consiste à montrer qu'il travaille : quand le tribunal de Milan a annoncé, mardi, son procès, il était à Catane (Sicile) à visiter un centre d'accueil pour faire face à l'afflux d'immigrés tunisiens dans le Sud. Il devait rencontrer le président russe Dimitri Medvedev. «Berlusconi n'a aucune intention de démissionner, son instinct lui suggère d'aiguiser l'offensive contre la magistrature», selon Folli, qui dit redouter «un conflit institutionnel dévastateur» entre l'Exécutif et le pouvoir judiciaire. Les avocats du milliardaire ont effectivement prévu de contester aussi bien en justice qu'à travers le Parlement la compétence du tribunal de Milan pour juger un Premier ministre. Fabrizio Cicchitto, chef de file des députés du parti berlusconien PDL, a confirmé lors d'un débat télévisé la ligne du président du Conseil : dénoncer sans relâche un complot de juges de gauche déterminés à le renverser. Le procès, prévu le 6 avril, «confirme l'utilisation politique systématique de la justice depuis [l'entrée en politique d'El Cavaliere] 1994», a-t-il affirmé lors de cette émission. Plusieurs commentateurs ont mis en garde contre le risque de paralysie d'un gouvernement et d'une majorité complètement focalisés sur la résolution des ennuis judiciaires de Berlusconi, qui affrontera à partir de fin février-début mars trois autres procédures en plus du «Rubygate». «La coupe est pleine […] la route à suivre est celle des élections et du jugement des citoyens», a exhorté Ezio Mauro, directeur du journal de gauche Repubblica. Mais la perspective d'un scrutin législatif anticipé sur l'échéance normale de 2013 ne semble pas se profiler à l'horizon à court terme. Pour Massimo Franco, éditorialiste du Corriere della Sera (centre), pour le moment «la tenue numérique de la majorité et la loyauté de la Ligue garantissent la survie» du gouvernement Berlusconi. Dans les sondages, la cote de popularité d'El Cavaliere est certes au plus bas, et les deux tiers des Italiens disent souhaiter qu'il quitte son poste. R. I.