L'armée israélienne dit ne pas exclure une nouvelle agression contre le pays du Cèdre. Le ministre de la Défense israélien Ehud Barak l'annonce lors d'une tournée à la frontière. Il faut dire qu'Israël occupe toujours des terres appartenant au Liban comme les fermes de Chebaa. L'armée israélienne, qui a mené une agression violente contre le Liban durant l'été 2006 ayant fait 1 200 morts, dont 45% d'enfants, a été contrainte au retrait, subissant un camouflet face à la résistance libanaise. La déroute de l'armée israélienne confinant au traumatisme a provoqué un grand débat. Depuis Israël menace régulièrement le Liban d'agression militaire sous le prétexte que la résistance menée par le Hezbollah se consolide sur le plan de l'armement. Au même moment, au Liban, la pression monte. Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé de juger les auteurs de l'attentat contre l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, se veut «totalement impartial» et «indépendant de toute ingérence», selon son président, l'Italien Antonio Cassese. La chambre d'appel du TSL a rendu une décision de 152 pages sur le droit que doit appliquer le tribunal lors du futur procès des auteurs présumés de l'attentat qui avait coûté la vie à Rafic Hariri et à 22 autres personnes, le 14 février 2005 à Beyrouth. Le juges avait été saisi par le juge de la mise en état, le Belge Daniel Fransen, chargé de confirmer l'acte d'accusation que lui avait remis le procureur Daniel Bellemare le 17 janvier. Le magistrat belge souhaitait savoir si le TSL doit s'appuyer sur le code pénal libanais, auquel se réfère le statut du tribunal, sur le droit international ou sur les deux, pour définir notamment les crimes de terrorisme et d'homicide intentionnel visés dans l'acte d'accusation. La bataille procédurale bat son plein. Le bureau du procureur et le bureau de la défense avaient exprimé leurs positions lors d'une audience le 7 février. «Le tribunal a le devoir d'appliquer le droit libanais au crime de terrorisme, car l'article 2 de notre statut le prescrit», a répondu M. Cassese. Cependant, le caractère politisé du TSL ne fait guère de doute. Le mouvement Hezbollah est dans la mire de ce Tribunal et devrait être mis en cause dans l'acte d'accusation, au risque de mener le pays vers une confrontation interne désastreuse. La démission des ministres du camp du Hezbollah avait provoqué la chute du gouvernement de Saad Hariri, fils de Rafic, le 12 janvier. La bravade du camp Hariri a mis le pays dans l'impasse politique la plus extrême. M. B.