Ayant bénéficié d'un petit budget, le film Zhar de Fatma-Zohra Zemmoum, qui était censé être un road-movie classique, a été transformé en un documentaire-fiction. Un mélange peu probable que rares sont les réalisateurs qui s'y aventurent. Tourné en partie dans un studio avec des frais réduits, ce long métrage de 78 minutes retrace la tentative de réalisation d'un film à travers lequel la réalisatrice voulait retracer la problématique de la violence en Algérie. Et c'est pendant le déplacement de l'équipe de tournage pour effectuer les repérages que la fiction se peaufine. La réalisatrice joue son propre rôle et narre l'histoire d'Alia, une jeune photographe qui, après avoir émigré en France, revient en Algérie pour être au chevet de son père mourant. N'ayant pas pu trouver de vol direct, Alia descend à Tunis et prend la route direction Constantine. C'est là qu'elle fait une rencontre surprenante avec Cherif, un personnage intrigant. Auteur à succès, il tombe sur la nouvelle de sa mort en feuilletant un journal. Entre la jeune fille perdue et l'auteur censé être mort, une certaine sympathie s'installe pour se transformer en idylle née du hasard. L'ambiance triste et morose qui caractérise le film ne pourra qu'accentuer l'émotion croissante entre les deux personnages.Se greffent à cette fiction quelques images du repérage du film de Fatma-Zohra Zemmoum que le public découvre sur le terrain en plein travail. Embarqués dans un taxi, Alia et Cherif découvrent ensemble les faubourgs de l'Algérie tout en renforçant leur relation. «La partie fiction du film a fait du décor une convention, on s'est beaucoup plus focalisé sur l'interprétation des personnages qui ont dégagé une grande émotion», explique la réalisatrice.Concernant l'autre partie du film, elle affirme que «le making-off s'est imposé pour faire voyager les spectateurs que la fiction pousse à se concentrer». Interrogée sur le genre documentaire-fiction, la réalisatrice a souligné qu'il était très difficile d'harmoniser les deux parties. «C'est un pari de faire ce mélange pour ce film initialement présenté comme un road-movie classique avec beaucoup plus de rencontres. Il fallait ménager dans le réel et laisser un espace critique pour le public», affirme la réalisatrice.Par ailleurs, on relèvera l'aspect «anachronique» que prend le long métrage. On citera l'image des deux acteurs mimant la marche dans un studio au décor fixe ou encore l'effet de mouvement d'une voiture grâce à un décor défilant en arrière-plan. Complètement décalé et original, le titre du film reflète d'ailleurs très bien son contexte avec d'abord le manque de moyens qui a fait du tournage une succession d'improvisations et d'aléas, lesquels ont conduit à la rencontre de deux personnages de fiction. Autre point positif, la musique du film signée Oliver Manganelli. Rappelons que Zhar de Fatma-Zohra Zemmoum sera projeté quotidiennement à la Cinémathèque d'Alger à partir de samedi prochain. W. S.