De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Quelque vacataires de l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) Errazi à Annaba sont depuis hier en grève pour protester contre leurs conditions de travail et demander que leur situation administrative et financière soit régularisée. Affectés à différents travaux d'entretien, de jardinage ou de manutention, ils travaillent depuis des années à raison de 5 heures par jour pour un salaire ne dépassant pas 6 000 DA par mois pour la plupart d'entre eux. Dans une correspondance adressée à l'Inspection du travail de la wilaya (la Tribune en détient une copie), signée par l'ensemble des personnels vacataires, les grévistes se plaignent du fait qu'ils effectuent 11 heures de travail par jour, soit le double du volume horaire légal. Certains d'entre eux sont affectés aux services des malades, ce qui est contraire à la réglementation régissant ces établissements.Les signataires du document rapportent que les infirmiers, qualifiés pour ce travail, se dérobent à leur mission et laissent les vacataires les remplacer auprès des malades mentaux avec tous les risques que cela comporte. De ce fait, la plupart des services sont assurés par les vacataires qui n'ont aucune formation, qualification ou expérience dans le domaine. Ils sont tenus de faire des heures supplémentaires pour lesquelles ils ne sont pas payés puisqu'ils n'y ouvrent pas droit. «Je travaille à l'EHS depuis 7 ans, nous dit un vacataire, âgé de 30 ans. Normalement, je dois faire 5 heures par jour, j'en fais le double et je n'ai aucune compensation, avantage ou prime, et si jamais je réclame, on me menace de licenciement. Cela ne peut plus durer et nous allons maintenir cette grève jusqu'à ce que nos revendications soient satisfaites.» Ses camarades, que nous avons rencontrés à la sortie de l'hôpital, ont tenu le même langage : «Nous irons jusqu'au bout. Nous ne pouvons plus accepter cela. Quelques-uns ont été titularisés et sont payés normalement, alors que nous, nous vivons cette situation depuis des années, c'est de l'exploitation.» Le directeur de l'établissement, quant à lui, nous a déclaré qu'il est tenu par la réglementation et qu'il ne peut pas faire passer ces vacataires comme titulaires ni augmenter leur nombre d'heures de travail pour atteindre les huit heures et, ainsi, établir des contrats en bonne et due forme. Tout ce qu'il peut faire, c'est de transmettre ces revendications à la tutelle. «J'ai tenu une réunion avec les vacataires, poursuit-il, et je leur ai expliqué tout cela ; je ne peux pas faire plus, ces employés sont affectés aux travaux de nettoyage et de manutention pour lesquels il n'y a pas actuellement de postes. Cependant, nous manquons cruellement de postes de paramédicaux, de médecins spécialistes, de chauffeurs et d'informaticiens ; nous avons demandé à la tutelle de les pourvoir et nous attendons que ça aboutisse.» Il niera, cependant, le fait que les vacataires travaillent plus que les 5 heures figurant sur les contrats de recrutement. En réalité, affirme-t-il, des techniciens en informatique, recrutés dans ce cadre, sont affectés en fait au niveau de l'administration par nécessité de service ; ils font huit heures mais ils bénéficient des week-ends et des congés annuels comme les autres employés recrutés normalement.» A la question de savoir si ces affectations sont réglementaires, le responsable rétorquera qu'il n'y a rien d'illégal dans cette situation et que rien n'interdit que ces employés soient affectés au niveau de l'administration. La question qui se pose est comment peut-on faire travailler un vacataire 8 heures alors qu'il est recruté pour en faire 5 sans pour autant qu'il soit payé en conséquence ? Une question qui reste sans réponse. Ce que les vacataires ne comprennent pas, d'où leur détermination à aller jusqu'au bout de leur mouvement.