Le ministre de l'Education nationale a présenté hier, dans une conférence nationale organisée au lycée Hassiba Ben Bouali, les grandes lignes de la nouvelle loi d'orientation et le bilan de 5 années de réformes, devant les 48 directeurs de l'éducation. Adoptée par les deux Chambres parlementaires (l'Assemblée nationale et le Sénat) en décembre dernier, cette «charte» pour le secteur, comme aime à le dire M. Boubekeur Benbouzid, vise à adapter le système éducatif national aux exigences de la mondialisation et aux mutations socio-économiques que connaît le pays. «La charte de 1997 n'est plus adaptée aux données sociales et économiques du pays. Et devant les exigences de la mondialisation, il est devenu impératif de réformer et de mettre à niveau le secteur. Les écoles algériennes doivent maîtriser les langues et la technologie», préconise-t-il. Toutefois, cette évolution ou mise à niveau du secteur reste fidèle aux préceptes du premier Novembre 1954 et des constantes nationales, à savoir l'islam, la langue arabe et la langue amazighe, selon les déclarations du ministre. Dans son ensemble, la loi d'orientation de l'éducation nationale, qui vise à consacrer les réformes engagées depuis 2003, repose sur trois principes fondamentaux : enseignement obligatoire, gratuité et de qualité, indique M. Benbouzid. Le but annoncé étant d'arriver à un taux de réussite à l'examen du baccalauréat entre 70 et 75% d'ici 5 ans. Allant dans le même sens, le ministre de l'Education assure que le nouveau programme contraste d'avec l'ancien par le fait qu'il inculque aux élèves la capacité d'analyse et de réflexion en évitant au maximum le «parcœurisme» systématique. Comprenant 53 décrets exécutifs, l'application de la charte reste tributaire de l'adhésion des mouvements syndicaux et des parents d'élèves. Sur ces partenaires, M. Benbouzid assure qu'ils seront intégrés pleinement dans le processus. Au sujet des réformes engagées depuis 2003 et arrivant à terme cette année, le Premier responsable du secteur de l'éducation affirme que trois objectifs ont été atteints en matière de manuels scolaires. En l'occurrence la qualité des ouvrages, la disponibilité, «15% sont toujours en stocks», et le prix. Sur ce dernier point, le ministre répond aux interjections sur la cherté des livres en affirmant que «500 milliards de centimes ont été alloués par l'Etat en aide aux élèves issus de familles démunies». Par ailleurs, reconnaissant qu'une défaillance en matière d'encadrement pédagogique existe, puisque «les professeurs ne maîtrisent pas encore les nouveaux programmes», explique M. Benbouzid, un programme de formation est prévu pour 214 000 enseignants en 10 ans. «10 000 ont déjà été formés», informe-t-il. Une autre évolution positive annoncée hier concerne le taux de scolarisation qui a atteint cette année 97,5%. Pour mettre en valeur le travail de fond accompli par les parties prenantes du secteur, le ministre fait état de 187 programmes révisés en 9 ans par la commission de réformes. Notons que ces réformes sont loin d'être passées comme une lettre à la poste. Mal comprise dans certains cas et décriée dans d'autres, la «mise à niveau» du système éducatif national n'a pas été du goût de tout le monde. Programmes surchargés, inadéquation des horaires, nouvelle méthode d'enseignement (approche par compétence), manque d'enseignants (particulièrement de français) et le statut de ces derniers ont fait couler beaucoup d'encre. Une situation qui a fait réagir le ministère de l'Education nationale en prenant des mesures jugées par certains comme étant du «bricolage», à l'image de la dernière décision concernant la présentation d'une liste limitant les seuils de révision pour les candidats au bac, ou celle dispensant certains élèves de l'examen de français en fin de cycle primaire. S. A.