Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Démocratie participative, consultation périodique des populations, collaboration permanente avec les comités de quartier et de village, actions de proximité sont les thèmes qui reviennent avec insistance lors des campagnes électorales locales. Les candidats promettent à l'occasion d'être à l'écoute des administrés et s'engagent à recueillir leurs avis avant d'entreprendre quoi que ce soit. Si cette profession de foi est louable, sa traduction sur le terrain n'est pas toujours effective faute de volonté de part et d'autre. Cependant, il convient de reconnaître qu'il n'est pas facile d'entretenir cette concertation dans un climat souvent tendu. La forte pression des populations et leurs besoins croissants en matière de développement local amènent certains élus à faire preuve de patience et à payer de leur propre personne pour garder ce précieux contact avec les citoyens. C'est le cas du maire de Tinebdar, dans la wilaya de Béjaïa. Ce dernier travaille toujours en étroite collaboration avec le conseil consultatif communal regroupant le mouvement associatif et les comités de village de la localité. Des sessions ordinaires sont périodiquement organisées pour évaluer le travail effectué et tracer de nouvelles perspectives à ce partenariat. «Ce n'est pas toujours aisé de regrouper les représentants des villageois pour de telles rencontres. Outre des résistances et les réticences émanant des autres élus de l'APC, il est rare de trouver au sein de la population des bénévoles suffisamment motivés pour participer à tous les rendez-vous», avoue Braham Benadji, le Président de l'APC de cette petite municipalité de la région de Sidi Aïch. Soulignant que ses prérogatives ne lui permettent pas toujours de satisfaire les doléances de ses vis-à-vis, notre interlocuteur estime qu'il est de son devoir d'accompagner les revendications et de militer sur le terrain pour leur prise en charge par les autorités compétentes. «Il nous arrive souvent d'élaborer des plateformes de revendications au cours de ce conseil pour saisir la daïra, la wilaya ou des entreprises publiques afin d'améliorer telle ou telle prestation de services. Faute de réponse satisfaisante, on arrête ensemble les actions de protestation à entreprendre et on investit le terrain», ajoute notre interlocuteur en notant que le mandat de maire est «un combat de tous les jours». Cette même stratégie caractérise aussi l'action du maire de Barbacha, qui prend régulièrement la tête des mouvements de protestation locaux afin de lever les contraintes et les blocages administratifs qui retardent nombre de projets de proximité. «Les besoins de la population sont énormes, et nos moyens sont limités pour les satisfaire. L'état des routes, le transport, le ramassage scolaire, l'alimentation en eau potable, l'hygiène publique, l'habitat rural, les préoccupations de la jeunesse en matière de loisir sont autant de dossiers difficiles à prendre totalement en charge. Quand une question nous dépasse, on se mobilise pour pousser plus loin la revendication exprimée. Dans le cas qui est le nôtre, un élu ne doit jamais se défaire de son étoffe de militant», prévient Saddek Akrour, le Président de l'APC de Barbacha. Cette philosophie commence à faire des émules un peu partout, même si parfois, les citoyens ne s'organisent pas pour faciliter ce type de mouvements concertés. Certains élus, ayant vérifié les limites de ce mode opératoire, appellent déjà à l'élargissement de ce cercle de mobilisation à travers le développement de «l'intercommunalité» en appelant tous les élus de la wilaya à faire preuve de solidarité active au service des citoyens et de la chose publique. Une œuvre de pédagogie et d'entraide qui peine cependant à se mettre en place.