De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Des sommes colossales ont été dépensées depuis des années pour la construction d'édifices publics à caractère culturel et pour l'aménagement des espaces (salle de cinéma, centre culturel et théâtre) afin de promouvoir l'action culturelle, mais l'activité culturelle peine à retrouver ses marques et à susciter l'intérêt du public et des artistes conviés occasionnellement pour animer des soirées dans une région où le champ culturel est, de plus en plus, sclérosé en raison d'actions volontaristes et événementielles ne donnant la chance à aucun partenaire d'affirmer ses compétences sur le terrain. L'exploitation des espaces culturels est sujette à des interrogations chez le public et les animateurs du champ culturel au niveau local. En effet, rien qu'au niveau du chef-lieu de wilaya, trois édifices ne sont pas exploités. L'essentiel des activités est concentré au niveau de la maison de la culture inaugurée en 2009. Cet édifice culturel, qualifié d'œuvre architecturale grandiose, fait, cependant, l'objet de convoitise par les autres secteurs qui veulent organiser des actions propres à leur domaine. Telles que des journées portes ouvertes sur le bâtiment, l'emploi, la formation professionnelle et autres. Concernant la vocation de cette structure, le public a le droit à de rares sorties et activités pour se distraire. Alors que les activités culturelles sont censées être diversifiées et se dérouler sur toute l'année, le public se voit contraint de s'accommoder aux différents événements qui se déroulent dans la société. D'une commémoration à une célébration en passant par un festival avec un goût de déjà-vu et entendu, les citoyens sont tenus en haleine durant des semaines voire même des mois, attendant une sacrée manifestation ou activité, à travers laquelle les organisateurs ne cherchent, en réalité, qu'à distraire le citoyen. Il y a lieu de signaler que ces derniers jours, les responsables de la maison de la culture ont décidé de versifier les programmes d'animation en créant des ateliers destinés au théâtre, à la peinture, à la chanson et à la danse, au profit des collectifs et des jeunes. En même temps, la direction de la même structure a ouvert cette semaine un atelier pour l'apprentissage des langues étrangères, dans le but de booster l'activité culturelle au niveau local. Le secteur, qui est en principe porteur de perspectives ambitieuses dans le cadre de la promotion et la protection du patrimoine culturel local, se retrouve réduit, souvent, à faire du bricolage et du replâtrage, avec des programmes conçus juste pour le défoulement des jeunes. Ce défoulement ait lieu dans une infrastructure qualifiée de joyau architectural et qui a coûté des milliards à l'Etat est invraissemblable. Ceci au moment où, dans la commune de Bouira, plusieurs salles sont fermées, à l'image du théâtre communal et de la salle de spectacle Errich, qui subit des travaux d'aménagement depuis l'année 2007 ayant coûté des sommes colossales, sans compter ce qui a été dépensé pour la réalisation des centres culturels et maisons de jeunes, actuellement fermés. Ce qui fait que pour les multitudes de commissions budgétivores, l'essentiel de l'action culturelle qui est la promotion des arts et la socialisation de la culture, se trouve relégué au second plan et ne constitue pas une priorité dans l'agenda des animateurs ou des responsables du secteur. Par ailleurs, en dehors de l'engouement suscité chez les familles pour les salles de spectacles afin d'assister à une soirée artistique ou activité culturelle, la portée du produit culturel s'estompe dès la fin de la manifestation et les responsables ne retrouvent guère l'impact de leur action sur le comportement quotidien des citoyens. Par ailleurs, pour les animateurs porteurs de projets et les représentants du mouvement associatif qui s'impliquent souvent dans ces actions, le souci d'avoir de gros chèques et des profits est plus fort que le message qu'ils veulent véhiculer sur scène.