Photo : Sahel De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Le constat fait à chaque fois dans la wilaya de Bouira, où des sommes colossales ont été dépensées pour la construction et l'aménagement des édifices publics et espaces à caractère culturel (salle de cinéma, centre culturel et théâtre), est que l'activité culturelle peine à retrouver ses marques et susciter l'intérêt du public et des artistes conviés occasionnellement pour animer des soirées dans une région où le champ culturel est de plus en plus sclérosé en raison des actions volontaristes et évènementielles ne donnant la chance à aucun partenaire d'affirmer ses compétences. Ainsi, alors que les activités culturelles sont censées être perpétuelles et diversifiées durant l'année, le public se voit contraint de lier ses goûts aux différents événements se déroulant dans la société. D'une commémoration à une autre en passant par un festival organisé avec du déjà-vu, les citoyens sont tenus en haleine durant des semaines, attendant une manifestation, à travers laquelle les organisateurs ne cherchent, en réalité, qu'à distraire et à dorloter le citoyen. A titre d'exemple, pour le Ramadhan, le secteur pourtant prometteur se retrouve réduit souvent à faire du bricolage et des replâtrages, avec des programmes conçus juste pour le défoulement des jeunes. Ce qui est invraisemblable est que ce défoulement a lieu dans une infrastructure qualifiée de joyau architectural ayant coûté des milliards. Cela au moment où, dans la commune de Bouira, plusieurs salles sont fermées : le théâtre communal et la salle de spectacle Errich, qui a subi des travaux d'aménagement depuis 2007 ayant coûté des sommes colossales, sans compter ce qui a été dépensé pour la réalisation des centres culturels et maisons de jeunes, actuellement fermés. Cela fait que, pour les multitudes de commissions budgétivores, l'essentiel de l'action culturelle, qui est la promotion des arts et la socialisation de la culture, se trouve relégué en seconde position et ne constitue pas une priorité pour les animateurs ou les responsables du secteur. Par ailleurs, en dehors de l'engouement des familles se rendant dans les salles de spectacles pour assister à une soirée artistique ou à une activité culturelle, la portée du produit culturel s'estompe dès la fin de la manifestation. Ensuite, les responsables ne retrouvent guère d'impact de leur action sur le comportement quotidien des citoyens. De l'autre côté, pour les animateurs porteurs de projets et les représentants du mouvement associatif qui s'impliquent souvent dans ces actions, le souci d'avoir de gros chèques et des profits est placé en priorité du message qu'ils veulent véhiculer sur scène.