Quelques semaines après sa création, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie bat de l'aile. Au cours d'une réunion tenue mardi soir à la maison des Syndicats, elle s'est scindée en deux : les partisans de la poursuite des marches, regroupés autour du RCD et d'autres partis politiques, et ceux qui veulent «un travail en profondeur». Ces derniers dénoncent même «la caporalisation des partis» politiques.La scission n'a pas touché que la coordination. Même au sein de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, deux dirigeants emblématiques ont choisi deux chemins différents. Le vieux militant Ali Yahia Abdenour a choisi de rester dans le groupe qui a adopté les marches chaque samedi, composé du RCD, du PLD de Mohamed Saïd, d'une aile du MDS et de personnalités, à l'image de Fodil Boumala. Mustapha Bouchachi, président de la LADH, a créé, en compagnie de certains syndicalistes et autres associations, une autre coordination. Elle n'a pas encore choisi son plan d'action. Le groupe se réunira demain à Alger pour décider de l'attitude à prendre. «La marche doit être un aboutissement d'un travail de fond», estime Samir Larabi, membre du collectif des jeunes chômeurs. Lui et ses camarades ont décidé de s'allier avec Bouchachi et le Snapap. «Nous sommes contre la caporalisation des partis politiques. Ce qui nous intéresse, nous, c'est qu'il y ait une jonction entre les mouvements sociaux et politiques. Il faut un travail en profondeur qui peut mener à une marche», a-t-il estimé.«On a proposé, de manière très instructive, d'évacuer, d'un côté, les partis politiques pour qu'ils fassent leur travail de formation et formuler des propositions de transition démocratique et de constituer, de l'autre, une autre coordination qui sera celle de la société civile», a expliqué Aïssa Rahmoune, avocat et représentant de la LADDH, sur un site Internet.Selon des militants qui ont décidé de se séparer de la CNCD, le RCD a l'intention de récupérer la coordination à travers «des associations, parfois fantoches». C'est le sentiment de plusieurs responsables contactés par nos soins. «Il s'agit d'une décantation entre ceux qui veulent un changement du système pour une véritable démocratie et ceux qui souhaitent une solution négociée avec le système. Ces derniers sont ceux qui ont opéré un recul par rapport à la dynamique du changement telle que lancée le 21 janvier dernier», réplique, par contre, Rabah Abdellah, membre de la coordination et représentant d'un collectif de journalistes. «La coordination a décidé d'organiser une marche chaque samedi à partir de la place des Martyrs vers la place du 1er-Mai. C'est la majorité qui a pris cette décision et, en démocratie, la minorité suit la majorité», a précisé Ali Yahia Abdennour lors d'un bref point de presse animé à l'issue de cette réunion, selon des confrères. Il reste maintenant aux deux parties de tester leur capacité de mobilisation. A. B.