Photo : M. Hacène Par Karima Mokrani Les syndicats autonomes de la Santé publique réussissent à se regrouper au sein d'un même mouvement de protestation, engagé dans un processus de développement qui sera à même de permettre la consolidation des acquis des professionnels du secteur. Le nouveau-né a vu le jour, hier, au CHU Mustapha-Pacha à Alger. «C'est lui qui nous sortira d'affaire devant ce que nous avons comme gouvernement et comme ministre», a déclaré un représentant syndical.En effet, environ 1 000 professionnels de la santé ont participé au rassemblement et à la marche, organisés hier au CHU Mustapha, à l'initiative de six syndicats : le Syndicat autonome des paramédicaux (SAP), le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales (SNDPSM), le Syndicat national des professeurs et maîtres assistants en sciences médicales (SNPMSM) et le Syndicat algérien des psychologues. Aux militants et autres membres de ces organisations autonomes se sont joints les représentants du Conseil national de l'ordre des médecins et le Collectif national des médecins résidents. «Le ministre de la Santé a réussi une seule chose, celle de nous unir contre lui», a relevé le secrétaire général du SAP, Lounès Ghachi. Et ce dernier de souligner avec insistance : «Nous ne sommes pas contents de ce qui se passe aujourd'hui dans le secteur de la santé. Nous ne sommes pas d'accord avec les réformes, ni avec le mode de gestion.» «Ould Abbès dégage !», «Le peuple veut le départ d'Ould Abbès», «Ministère sans pouvoir de décision, La honte!» criaient les manifestants, décidés à faire tomber le premier responsable du secteur, l'accusant de fermer les portes du dialogue, au moment même où le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a donné des instructions pour l'association du partenaire social. Justement, les syndicats adhérant au mouvement protestataire d'hier ne l'ont pas fait seulement en solidarité avec les paramédicaux qui sont à leur deuxième semaine de grève, mais aussi pour dénoncer leur mise à l'écart et l'état déplorable de la santé publique. La finalisation du projet de loi sanitaire sans leur collaboration étant la goutte qui a fait déborder le vase. «Ce n'est qu'après avoir finalisé les textes et les avoir soumis à d'autres institutions qu'ils nous ont invités à participer à son élaboration. C'est pour cela que nous avons boycotté la dernière conférence», a indiqué le président du SNPSSP, le Dr Mohamed Yousfi. Pour ce dernier, «rien ne pourra se faire dans la santé sans nous, les syndicats. Les professionnels de la santé, les décideurs au niveau du ministère sont condamnés à travailler avec nous, qu'ils le veulent ou non».«Union syndicale, santé publique» criaient à tue-tête les protestataires «convaincus» que seule une lutte commune et acharnée permettra de redonner à la santé publique ses lettres de noblesse. Pour Lyes Merabet, le président du SNPSP, la journée d'hier est historique : «Jamais depuis leur existence, les syndicats autonomes ne se sont unis comme aujourd'hui. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait. Nous devons maintenir cette dynamique syndicale et aller de l'avant.» Le représentant du SNPSP affirme que les professionnels de la santé sont décidés à faire face à toutes les entraves à l'activité syndicale. Un autre représentant syndical soutient que ce n'est pas l'UGTA qui pose problème aux syndicats autonomes, mais seulement ses dirigeants : «On s'attaque beaucoup à l'UGTA, mais ce n'est pas l'UGTA qui nous dérange. Ce sont ses dirigeants. L'UGTA est un bien commun, un héritage collectif.». Pour sa part, Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'ordre des médecins, déplore : «Les décideurs dans le secteur de la santé n'accordent pas de l'importance aux professionnels. Nous sommes brimés, marginalisés.». «C'est pourquoi, poursuit-il, nous soutenons cette union syndicale qui est au service des malades et de tous les citoyens. Nous sommes unis pour donner un nouveau mode de gouvernance dans le système de santé, qu'il s'agisse du public ou du privé.» Par ailleurs, l'action protestataire a eu lieu dans la sérénité totale. Aucun dérapage, aucun affrontement avec les représentants de l'administration, ni d'ailleurs avec les policiers mobilisés autour de l'établissement.