Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le communiqué - très attendu - rendu public hier par le conseil syndical après cinq heures de réunion n'a rien apporté de concret aux milliers des travailleurs qui espéraient voir satisfaites les revendications de leurs collègues de l'unité Tuberie sans soudure (TSS). La déception est grande dans les milieux ouvriers qui voyaient en la mission de leur syndicat à Alger un possible règlement de leur situation précaire. Dans le document où la langue de bois domine pour louer les efforts de la Centrale syndicale et son patron Sidi Saïd, les doléances des travailleurs ont été mises en veilleuse et n'ont même pas été évoquées : «Une mission pour rien, commentent certains. Ils sont partis en villégiature à Alger, ils sont revenus les mains vides pour nous ressasser les mêmes déclarations faisant allusion à des forces occultes qui veulent déstabiliser le complexe. C'est toujours la même histoire, personne ne les croit plus.» Une situation qui conforte la position des contestataires qui avaient participé activement au blocage des accès du complexe il y a quatre jours. Ces derniers avaient demandé le départ du syndicat de l'entreprise auquel ils reprochaient de ne pas avoir pris en charge les revendications des travailleurs de la TSS, qui n'a plus de plan de charge depuis une année et demie et qui vivait sous perfusion grâce au complexe sidérurgique qui continuait à lui verser leurs salaires diminués du tiers. Le communiqué signé conjointement par le secrétaire général du syndicat de l'entreprise et le président du Comité de participations (CP) qualifie les derniers événements qui ont secoué le complexe de «manœuvres de mercenaires pour remettre en cause ces grands acquis en essayant de torpiller le processus mis en place afin de relancer le complexe et le doter de moyens technologiques modernes et performants». Accusant ouvertement les entreprises sous-traitantes d'être derrière ces mouvements parce qu'elles n'admettaient pas que leurs personnels soient pris en charge par le complexe, le document rapporte que ces manœuvres «tendent à perturber les négociations prévues dans les prochains jours entre la direction et le partenaire social autour des dossiers des salaires». Le communiqué termine par un appel aux autorités locales pour que le complexe et ses accès soient sécurisés, «car l'entrave au travail est un délit grave et condamnable». Ce qui est surprenant dans ce document daté du 26 février, c'est que les signataires ont fait abstraction du départ, deux jours avant, des douze cadres français, y compris du directeur général du complexe M. Vincent Legouic. Cadres avec lesquels ils devaient négocier justement à propos des revendications salariales pour 2011. Les quelque 6 000 ouvriers du complexe n'ont pas du tout apprécié le qualificatif de mercenaires attribué à leurs camarades qui travaillent avec eux dans les mêmes ateliers et comptent maintenir leur mouvement pour «en finir, nous dit-on, avec ce syndicat qui ne cherche que ses intérêts». Malgré l'assurance donnée par le syndicat concernant le retour à la normale au niveau du complexe, le malaise des ouvriers est plus que perceptible. On n'écarte pas de probables mouvements de protestation par l'aile restée fidèle à l'ex-secrétaire général M. Aïssa Menadi, aujourd'hui député. En effet, selon des informations concordantes, cette dernière est très active et peut convaincre ses camarades d'aller vers des manifestations et des marches pour exiger le départ de la composante actuelle du conseil syndical.