Photo : Riad De notre envoyée spéciale à Tifariti (Sahara occidental) Badiaa Amarni Le rôle de l'Algérie dans le soutien à la cause sahraouie a été mis en exergue par Mohamed Abdelaziz, chef de l'Etat sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, à l'occasion de la célébration du 35e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Tifariti, à laquelle a pris part une importante délégation algérienne composée de parlementaires et de personnalités politiques et autres représentants de la société civile.Le président de la RASD, après un rappel sur l'histoire glorieuse de ce peuple qui lutte pour son indépendance et qui «s'est montré capable de mener de front une guerre de libération totale et la construction des fondements de l'Etat sahraoui», a interpellé les pays influents pour agir et prendre les mesures nécessaires, y compris les pressions et les sanctions contre le gouvernement marocain afin de mettre un terme à ce conflit qui entrave la paix, la stabilité et l'intégration dans la région. «Il est impossible de garantir la stabilité dans le royaume marocain et dans la région sans résoudre le conflit du Sahara occidental sur des bases claires et transparentes qui consolident la démocratie et le respect des droits de l'Homme et des peuples», affirme-t-il. Il appellera le gouvernement espagnol à assumer sa responsabilité à l'égard du Sahara occidental, en tant que puissance administrante et responsable juridiquement du territoire. «Il a doit assumer son devoir et son engagement à décoloniser le territoire et permettre à notre peuple d'exercer son droit à l'autodétermination», soutient-il.Un appel a été aussi lancé au gouvernement de la France, berceau des droits de l'homme, «pour cesser de soutenir la thèse expansionniste marocaine et de tenir compte du fait que l'on ne peut pas mépriser indéfiniment les droits des peuples à l'exemple de ce mépris à l'égard du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Il est également demandé à l'ONU (Organisation des Nations unies) «de respecter, sans plus tarder, ses engagements visant la décolonisation du Sahara occidental et de protéger ses citoyens dans les territoires occupés face à la répression, aux arrestations et aux enlèvements pratiqués par les autorités marocaines». A cet égard, le président sahraoui insiste sur «l'urgence d'élargir le mandat de la Minurso pour qu'elle puisse protéger les droits de l'Homme, les surveiller et rapporter sur leur situation». L'urgence pour le chef de l'Etat est aussi de «libérer immédiatement tous les prisonniers politiques sahraouis et lever le secret sur la disparition de plus de 651 Sahraouis aux mains de l'Etat marocain». La République sahraouie est aujourd'hui «reconnue par plus de 80 Etats dans le monde et est membre fondateur de l'Union africaine et oeuvre avec ses voisins pour faire régner la paix et la stabilité dans la région», dira Mohamed Abdelaziz. Il confirme que ses institutions sont «une réalité concrète en dépit des conditions implacables».Dans sa conférence de presse commémorant cet événement historique, animée devant un parterre de journalistes et de personnalités politiques venues des différents coins de la planète de même que les défenseurs du droit du peuple sahraoui qui aspire à la liberté, le président de la RASD a mis en avant les avancées notables «enregistrées par l'Etat sahraoui dans la construction d'une société moderne et qui est parvenu à réaliser des acquis sur les fronts politique, diplomatique, militaire et social, particulièrement dans le domaine de la santé, de l'éducation…». La revendication principale étant le parachèvement de la souveraineté de l'Etat sahraoui sur tout le territoire national, Mohamed Abdelaziz dira que 2011, qui sera l'année du 13e congrès du Front Polisario, «donnera l'opportunité au peuple sahraoui d'approfondir le débat et d'élaborer les idées et les stratégies à même de parvenir à notre objectif sacré». Et d'ajouter qu'aujourd'hui «le peuple sahraoui est confronté à des défis multiples et se trouve face à des échéances importantes dont la poursuite de l'Intifada n'est pas des moindres. Dans tous les cas, les horizons restent ouverts et prometteurs pour relever ces défis». Poursuivant son discours, le chef de l'Etat sahraoui a déclaré qu' «il est grand temps de démanteler le crime contre l'humanité que représente le mur militaire d'occupation marocaine qui balafre le Sahara occidental et divise son peuple sur une longueur de plus de 2700 km, truffé de millions de mines et soutenu par une machine impressionnante de destruction et entouré de milliers de kilomètres de barbelés et de mur de sable, semant la terreur et la mort». Saluant avec respect l'Armée de libération populaire sahraouie, le président de la RASD s'est incliné devant les héros de Gdeim Izik, cette épopée légendaire qui a donné au monde entier une extraordinaire leçon de résistance pacifique face à l'injustice et ses 200 prisonniers politiques qui demeurent maintenus dans des prisons terribles, subissant les tortures les plus atroces et les procès les plus iniques.L'occasion a aussi été donnée au chef de l'Etat sahraoui de rendre hommage à «l'Algérie sœur», gouvernement, partis et société civile sous la direction du président Abdelaziz Bouteflika. «Ce pays demeurera le phare des peuples en lutte pour la liberté et la dignité», affirme-t-il, avant de rendre un grand hommage à tous les amis du peuple sahraoui épris de liberté.Le discours du président sahraoui a été suivi par des allocutions de la représentante de l'Union africaine et du vice-président de l'APN (Assemblée populaire nationale), M. Abdelkader Mechbek, qui a réitéré le soutien indéfectible de l'Algérie au peuple sahraoui dans sa quête d'indépendance.Le 35e anniversaire de la proclamation de la RASD a été marqué par des exhibitions de l'armée sahraouie, tous corps confondus.