La découverte d'un gène jouant un rôle clé dans la production d'anticorps neutralisant des rétrovirus pourrait ouvrir la voie à la mise au point d'un vaccin contre le sida, selon des travaux prometteurs publiés dans la revue Science parue hier. Cette avancée fortuite faite sur des souris paraît aussi expliquer pourquoi certaines personnes exposées au VIH (virus de l'immunodéficience humaine), responsable du sida, ne sont jamais infectées, relèvent les auteurs de cette étude. Ce gène, appelé Apobec3, qui existe aussi chez les humains et se situe au même endroit sur le chromosome, contrôle la capacité des souris à produire des anticorps neutralisant des rétrovirus qui leur permettent de combattre avec succès des infections. Ces chercheurs font l'hypothèse que ce gène pourrait jouer le même rôle chez les humains et neutraliser le rétrovirus responsable du sida. L'hypothèse est confortée par de précédentes études montrant que les protéines produites par Apobec3 ont des propriétés anti-VIH, et que la région du chromosome où se trouve ce gène exerce une influence sur la capacité de ce virus à infecter l'organisme. «D'autres recherches sur la fonction du gène Apobec3 chez les humains pourraient conduire à la découverte de médicaments et vaccins contre le sida», souligne dans un communiqué le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID). «Cette découverte apporte une nouvelle dimension à notre compréhension du mécanisme biologique d'Apobec3 qui pourrait nous aider à résoudre le casse-tête de la neutralisation du virus du sida», relève le Dr Warner Greene, directeur du Gladstone Institute of Virology and Immunology de l'Université de Californie, principal auteur de ces travaux. L'hypothèse selon laquelle le gène Apobec3 joue un rôle non seulement dans la capacité du VIH à provoquer une infection, mais aussi dans la réponse immunitaire de l'organisme à ce virus, avait été avancée au vu des résultats d'une étude précédente. Cette recherche avait montré que la région chromosomique humaine contenant plusieurs gènes Apobec3 est liée aux réponses anti-VIH chez un groupe d'Italiens, lesquels ne sont jamais devenus séropositifs malgré de nombreux contacts sexuels avec leurs partenaires infectés. Les travaux du Gladstone Institute et du NIAID apportent également un nouvel éclairage sur la manière dont le virus du sida utilise l'une de ses propres protéines, appelée Vif, pour détruire deux protéines humaines produites par le gène Apobec3. Etant donné qu'Apobec3 jouait un rôle important pour aider le système immunitaire à produire des anticorps contre des rétrovirus, la destruction de ces deux protéines par Vif pourrait expliquer pourquoi la plupart des individus ne fabriquent pas d'anticorps contre le virus du sida. «Nos recherches sur les souris laissent penser que la neutralisation de la protéine Vif permettrait d'obtenir une plus forte réponse immunitaire contre le VIH», explique le Dr Kim Hasenkrug, du NIAID, co-auteur de l'étude, jugeant cette voie prometteuse.