Initiée en février dernier, une nouvelle stratégie de partenariat entre l'Afrique et la Banque mondiale est en phase de lancement. Cette stratégie est le résultat de recherches approfondies. Elle intervient aussi, selon la BM qui vient d'en dévoiler les grands axes, «après un processus de consultations élargies en Afrique et à travers le monde». Intitulée «l'avenir de l'Afrique et comment la Banque mondiale entend y contribuer», elle a pour objectif d'«aider les économies africaines à prendre leur essor».Pour la BM, cette stratégie constitue un «tournant décisif» dans les relations entre les deux parties, qui ont été marquées beaucoup plus dans le passé par des appuis financiers uniquement. Avec ce tournant, la coopération passe au stade de l'assistance technique de manière à permettre, selon les concepteurs de cette stratégie, aux pays concernés de bâtir leurs économies sur des bases solides. A ce sujet, la vice-présidente de la BM pour la région Afrique, Mme Obiageli Ezekweesili, reste confiante et optimiste quant aux résultats à enregistrer dans le cadre de ce projet qui sera donc concrétisé à travers des partenariats, un partage du savoir et, enfin, des financements. «Nous sommes enthousiasmés par les perspectives d'avenir du continent. L'Afrique actuelle s'illustre par des nombreux succès et une croissance économique tirée par le dynamisme de ses populations et de ses économies», indique la BM qui précise que l'élaboration de cette nouvelle stratégie a été pour elle «l'opportunité d'écouter les Africains et d'apprendre d'eux comment redéfinir le partenariat afin de mieux soutenir les aspirations du continent dans le but de maintenir, au cours de la prochaine décennie, l'élan des réformes économiques en cours». L'approche qui concerne, entre autres, l'Algérie dans l'objectif de l'assister dans le projet de diversification économique et de la réduction de la dépendance à l'égard de la rente pétrolière compte trois aspects essentiels et touchera globalement l'ensemble des acteurs économiques à travers les pays avec lesquels la BM a discuté autour de cette initiative. C'est-à-dire les gouvernements, les secteurs privés et d'autres parties prenantes. L'accent sera mis sur le dialogue, comme le souligne la BM dans le communiqué publié sur son site. Priorité à la compétitivité, l'emploi et la gouvernance «Pour la mise en œuvre de cette stratégie, la Banque mondiale maintiendra un dialogue productif avec les citoyens qui aspirent à tirer un meilleur parti des retombées des performances économiques. Partenariats, connaissances et financements seront mis à profit dans notre collaboration avec les gouvernements, le secteur privé, la société civile et d'autres parties prenantes afin d'aider les pays à accélérer la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement.» Il s'agit aussi, selon la même source, d'élargir le champ de la prospérité économique et de réduire la pauvreté galopante sur ce continent.Pour ce qui est des axes de partenariat, ils se résument en trois points. On citera en premier lieu la compétitivité et l'emploi. Le document de la BM indique à cet effet que le nouveau cadre stratégique aidera les pays à diversifier leurs économies et créer des emplois, en particulier pour les 7 à 10 millions de jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année. Il contribuera également à combler le fossé entre les besoins en infrastructures et les investissements consentis à cet effet. Des besoins estimés à titre indicatif actuellement à environ 48 milliards de dollars par an. De même qu'il assurera le soutien des efforts visant à faciliter l'activité commerciale. Algérie : pour l'amélioration des dépenses publiques En seconde position vient le renforcement des compétences des travailleurs à travers le renforcement des capacités des pouvoirs publics à partager les ressources communes «sur une base plus équitable et dans un cadre consensuel». Ce qui fait actuellement défaut dans de nombreux pays africains. C'est qui explique, entre autres, les tensions sociales qui se répètent dans cette région où la gouvernance n'obéit pas aux règles de l'équité et de la transparence. Justement, la gouvernance constitue le thème du troisième axe de cette stratégie. Considérant que les services essentiels comme l'éducation, la santé et les infrastructures de base «sont trop souvent soit non disponibles, soit de mauvaise qualité du fait de la mauvaise gestion des fonds publics», la BM mise sur la sensibilisation des populations pour «mieux informer les citoyens ordinaires sur le type d'attentes qu'ils devraient nourrir à l'endroit de leurs gouvernements». Il s'agira en d'autres termes de leur offrir «des avenues» afin qu'ils soient en mesure de tirer sur la sonnette d'alarme lorsqu'ils n'ont pas accès à ces services. La Banque s'engage par ailleurs à travailler directement avec les gouvernements pour les aider à améliorer leurs systèmes et leur capacité à fournir des services de base et gérer les comptes.A ce niveau, beaucoup de changements sont à faire sur un continent où la corruption sévit à grande échelle et où les révoltes populaires sont de plus en plus nombreuses pour demander ces changements pour concrétiser le développement économique tant attendu. Les richesses naturelles sont là. Mais les moyens efficaces de gestion font défaut. L'appui de la BM sera-t-il suffisant ? Cette question se pose aussi pour l'Algérie qui s'est engagée dans le processus de diversification depuis quelques années sans pour autant arriver à relever le défi. En concluant le nouveau cadre de partenariat ou le cadre de partenariat stratégique (CPS) avec la BM pour la période 2011-2014, réussira-t-elle à le faire ? Pour cela, l'Algérie qui est «à un tournant dans son développement économique», de l'avis de la BM, est appelée à jouer sur de nombreux paramètres, notamment l'amélioration de la qualité des dépenses publiques qui sont «mal réparties», de l'avis des experts. S. I.