Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug Plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté, hier, devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Brandissant des affiches et des banderoles sur lesquelles est écrit «Ils ont des chiffres, on a le nombre» et scandant des slogans tels que «Quelle honte, ministère sans décisions», ils occupent l'entrée du siège du ministère dont le portail métallique était resté clos. A 12 heures, des carrés composés de dizaines d'étudiants affluaient toujours, portant des brassards et des banderoles affichant le nom de l'école ou de l'institut de leur provenance. Sur les lieux, aucun dispositif sécuritaire particulier n'est visible. Les étudiants manifestaient dans une ambiance bon enfant, gardant en tête les déboires des évènements précédents où ils ont été «maltraités» par la police antiémeute. «Frapper un étudiant qui manifeste pacifiquement est une honte», s'indigne une étudiante fidèle au mouvement de protestation. A propos de leurs revendications, un groupe d'étudiants de l'Ecole supérieure de commerce d'Alger (ESC) insiste sur la question du statut des grandes écoles. «Il faut des moyennes de 14 à 15/20 au bac pour accéder à ces écoles. On a un programme très chargé et des exigences pédagogiques très strictes. Qu'on ne nous mette pas alors au même niveau que les diplômés du système LMD», s'offusque Djaber, un étudiant en quatrième année à l'ESC. LMD, le nouveau système né de la réforme de l'université, inspire les étudiants. «Le LMD, c'est la Liquidation en Masse des Etudiants. Ce que m'inspire, en tant qu'étudiant, ce qui est censé être une grande école, c'est plutôt Laissez-Moi Dormir», plaisante une étudiante. Dénonçant les tentatives de manipulation ou d'infiltration du mouvement par des partis politiques, ils insistent sur le fait qu'il s'agit purement de revendication «de statut d'étudiant». «Le décret annulé de décembre 2010 n'est, en fait, que l'ajustement d'un autre paru en 2007. On ne s'était pas rendu compte. Mais, maintenant, on revendique le statut de diplômé d'une école supérieure. Les autorités et autres interlocuteurs de l'administration nous disent qu'on bénéficiera du prestige de l'école. Mais nous, on veut le statut publié au Journal officiel», poursuit Djaber. Sur leur motivation à maintenir la pression, les étudiants qui disent craindre «une année blanche», ne comptent pas baisser les bras jusqu'à satisfaction totale de leurs revendications. Sur une page Facebook, créée par un collectif d'étudiants, ces objectifs sont tracés comme suit : réévaluer la licence de l'échelon 11 au 13 ; réévaluer les échelons appliqués en LMD ; établir une équivalence entre le système algérien et international, mentionner l'option ou la spécialité lors de l'obtention du diplôme ; accéder au master sans conditions pour les promotions actuelles et à venir ; acquérir le titre d'ingénieur dans le domaine technique (master 2= ingénieur = cadre supérieur), et valoriser la licence du système LMD et l'application des licences et master professionnels et académiques. Par ailleurs, une Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE) est née vendredi dernier. Composée de plusieurs comités d'étudiants issus de différentes universités du pays, elle appelle la communauté estudiantine à observer des journées de grève et de sit-in devant les rectorats. Un rassemblement est également prévu aujourd'hui au niveau de la place de la Liberté de la presse à Alger, à l'initiative de la Coordination des comités autonomes des étudiants d'Alger née hier à Ben Aknoun.