La bataille pour le contrôle du pays continue. C'est l'incertitude absolue. Les villes libyennes font l'objet d'âpres combats entre les insurgés et les forces du régime Kadhafi. Les habitants sont contraints de fuir. C'est le cas, hier, de la ville de Ras Lanouf, 300 km au sud-ouest de Benghazi, devenue le poste avancé de l'insurrection dans l'Est libyen. Les raids menés par les forces fidèles au colonel Mouammar Kadhafi, dans une nouvelle tentative de contrer l'insurrection, ont visé particulièrement ce port pétrolier stratégique, pris vendredi par l'insurrection. Des combattants ont répliqué par l'artillerie antiaérienne. Depuis trois semaines, les insurgés tentent de gagner des portions du territoire aux dépens du régime. Ils étaient arrivés samedi à Ben Jawad, d'où ils espéraient rallier Syrte, la ville natale de Kadhafi, à une centaine de kilomètres plus à l'ouest. A Ben Jawad, les combats ont fait au moins 12 morts et plus de 50 blessés. Des combats ont aussi eu lieu à Misrata, 3e ville du pays, à 150 km de Tripoli. Contrôlée par l'insurrection, les forces pro-Kadhafi l'avaient attaquée à l'arme lourde. Vingt et une personnes, dont un enfant, ont été tuées et des dizaines d'autres blessées. L'ONU a demandé un «accès urgent» aux victimes «blessées et mourantes» des bombardements à Misrata. «Les organisations humanitaires ont besoin d'un accès urgent maintenant», a déclaré la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Valérie Amos. Les insurgés veulent la neutralisation de l'aviation libyenne qui fait peser une lourde menace sur leurs positions. Une zone d'interdiction aérienne ou une destruction des pistes des aéroports sont des options mais pas encore effectives. L'action internationale brille par son tâtonnement. La Ligue arabe soutient le projet d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye. L'Italie annonce avoir établi des contacts «discrets» avec le Conseil national à Benghazi, fief de l'opposition, afin d'aider à une solution à la crise. En revanche, une «équipe diplomatique britannique», venue établir des contacts avec l'opposition à Benghazi, a dû quitter le pays après avoir été arrêtée et détenue plusieurs jours par l'opposition qui lui a reproché d'être entrée en Libye «de manière non officielle et sans aucun accord préalable». Devant la mollesse des postions des puissances, l'armée de Kadhafi a tenté ces derniers jours de lancer une contre-offensive pour stopper la progression des insurgés, bombardant les villes d'Ajdabiya et de Brega, à l'ouest de Benghazi. Mais l'insurrection a réussi à garder le contrôle de l'est du pays, jusqu'à Ras Lanouf. Après trois semaines de forte instabilité, la Libye risque d'évoluer vers un scénario différent de ceux de la Tunisie ou de l'Egypte. Plus de 191 000 personnes ont fui les violences et environ 10 000 déplacés se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l'ONU. Cette dernière a chargé l'ancien ministre jordanien des Affaires étrangères Abdel Ilah Khatib d'entreprendre des «consultations urgentes» avec le pouvoir libyen sur la crise humanitaire provoquée par les combats et lancé un appel de fonds de 160 millions de dollars pour aider les victimes. Conséquences de ces événements, les prix du pétrole continuaient de grimper fortement se hissant à New York à un nouveau sommet depuis septembre 2008. M. B.