Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Des centaines de personnes ont pris d'assaut hier le siège de la direction générale de l'Agence pour l'amélioration et le développement du logement (AADL). Ces citoyens, des souscripteurs à la formule location-vente des programmes futurs ou encore du programme 2002, ne tolèrent plus une attente qui dure depuis plus d'une dizaine d'années. Ils avaient alors décidé d'assiéger le siège de l'AADL pour une durée indéterminée avant que leurs délégués, reçus par le directeur général de l'agence, ne leur fassent état d'engagements fermes de la direction. Ainsi, les contestataires, à savoir les souscripteurs au programme 2002 orientés vers le site de Draria ou encore Ouled Fayet 3, dont les logements n'ont toujours pas été achevés, ont affiché leur peur de ne pas bénéficier de leur logement malgré l'affectation qu'ils détiennent. Ce qui est compréhensif puisque certains d'entre eux, avant d'être orientés vers le site de Ouled Fayet 3, étaient détenteurs d'une affectation au site de Saoula où, pour des raisons techniques, le nombre de logements qui devaient être construits a été réduit. Il y a aussi les rumeurs persistantes qui font état que le nombre de détenteurs d'affectations à ces sites est plus élevé que le nombre de logements qui seront réalisés. «Ils nous ont dit que ceux qui ne figureront pas sur la prochaine liste devront attendre encore quatre ans», a déclaré une mère de famille au bord de la crise de nerfs. «Nous ne pouvons plus attendre, cela fait dix ans qu'on loue», a-t-elle ajouté. La voix de cette femme sera rapidement étouffée par des centaines d'autres. «Il n'y a eu aucune distribution officielle depuis juillet dernier et pourtant, une centaine de logements à Draria ont été distribués à des connaissances», dit l'un des protestataires avant d'être interrompu par un autre qui s'insurge : «Il n'y a que l'AADL qui n'affiche pas les listes des bénéficiaires ; l'Agence travaille dans l'opacité totale pour mieux trafiquer.» Et des accusations, il y en aura beaucoup. A commencer par les pancartes brandies par les souscripteurs où l'on pouvait lire «AADL, gestion privée du patrimoine public» ou encore «AADL, injustice sociale». Il y a aussi le témoignage d'un bénéficiaire de logement au site de Draria venu au rassemblement par solidarité : «Les premiers bénéficiaires sur ce site sont des footballeurs professionnels qui vivent en France, des artistes et des jeunes d'à peine 20 ans. Ces derniers ne pouvaient avoir que 10 ans en 2001, date du dépôt des dossiers. Alors, je dis haut et fort que le seul critère de distribution des logements AADL est le piston et le clientélisme.» Encore mieux, l'un des souscripteurs détenait une affectation au site de Draria datée de 2009. Cette affectation sera d'ailleurs montrée au directeur général de l'AADL par les délégués des protestataires pour mieux justifier l'inquiétude des souscripteurs. Ce dernier a tenu à calmer les esprits et s'est engagé à recevoir de nouveau les délégués jeudi prochain. «Le P-DG a assuré que notre problème est pris en charge et que la liste des bénéficiaires que nous lui avons remise passe par le filtrage du fichier national du logement. Il a assuré que lors de notre réunion ce jeudi, tout sera finalisé», a déclaré le délégué des souscripteurs du programme 2002. Ce dernier a expliqué que la seule exigence des bénéficiaires est d'avoir des affectations précises où sont spécifiés le bâtiment et le numéro de l'appartement. L'autre groupe des protestataires est composé des souscripteurs qui ont été orientés vers le programme AADL-CNEP. Ballottés entre l'administration de l'AADL et celle de la CNEP, ces derniers, dans une colère manifeste, ont tenu à dénoncer les agissements des responsables de ces deux institutions, appelant le chef de l'Etat à prendre en charge leurs doléances. Surtout après les déclarations du DG de la CNEP, selon lesquelles rien ne l'obligeait à prendre en charge la liste des souscripteurs de l'AADL pour la distribution des 4 000 logements en cours de construction à Rouiba et à Réghaïa. Pour contenir la colère des protestataires, le DG de l'AADL s'est engagé avec leurs délégués à faire prochainement des déclarations dans les médias lourds ou la presse afin de confirmer que les bénéficiaires des 4 000 logements seront choisis parmi les souscripteurs orientés vers le programme AADL-CNEP. Il a également assuré que ces bénéficiaires seront choisis parmi les personnes qui se sont inscrites au programme AADL entre le 18 août et le 31 décembre 2001 et que le seul critère qui sera pris en compte est le principe de la priorité dans le dépôt du dossier. Encore mieux, le DG de l'AADL s'est engagé à publier la liste des bénéficiaires de ces 4 000 logements le 31 mars prochain sur le site Internet de l'agence. Cette liste une fois publiée sera transmise à la CNEP qui procédera à un deuxième traitement pour confirmer la solvabilité des bénéficiaires. Le DG de l'AADL a néanmoins tenu à expliquer aux délégués que les personnes âgées peuvent être éliminées de la liste de la CNEP pour des raisons de délai de remboursement du crédit et que cela ne relevait pas de sa gestion. Sur ce point, le délégué a proposé aux souscripteurs de désigner un groupe afin d'ouvrir les discussions avec la CNEP. Enfin, pour les souscripteurs qui ne seront pas retenus dans la prochaine liste des 4 000 logements, le DG de l'AADL a déclaré, selon le délégué : «Aidez-nous avec les autorités pour que les listes déjà établies au niveau de l'AADL soient prises en charge. Notre agence détient cette banque de données pour participer dans l'établissement des listes des bénéficiaires dans les programmes futurs.»