Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nacer Haniche Les nouvelles mesures destinées à faciliter l'accès au logement, sous ses différentes formules, qui ont été prises récemment par le président de la République afin d'atténuer la tension qui caractérise et perdure dans le secteur de l'habitat, ont suscité des réactions de soulagement auprès des demandeurs, surtout les jeunes. Car, jusqu'à ce fameux Conseil des ministres, ils n'avaient aucune chance de figurer sur une liste de distribution de logements, sauf s'ils sont mariés et qu'ils ont beaucoup de chance.Evidemment, il y a cette minorité de jeunes qui ne sont pas du tout concernés parce qu'ils ont l'argent pour acheter le logement qu'ils veulent et les relations qu'il faut pour l'avoir où ils le désirent. Ils peuvent même avoir plusieurs logements, et ils ne se gênent pas pour ce faire. Cette jeunesse dorée qui n'a besoin ni de faire des demandes ni de constituer des dossiers qui iront grossir les piles s'amoncelant sur les bureaux des administrations en charge de la réalisation et de la distribution des logements n'est pas notre sujet et on ne s'arrêtera pas sur les privilèges et les passe-droits dont elle bénéficie et que tout le monde connaît.Notre propos concerne ces millions de jeunes qui, des années durant, ont multiplié les demandes, les dossiers et les démarches auprès de promoteurs et autorités locales, dans le seul but d'obtenir un toit décent pour y vivre. En effet, la multiplicité des formules de logement (LSP, location vente, social locatif, RHP et rural), instituées ces dernières années, s'est avérée inefficiente pour satisfaire toutes les demandes et mettre fin à la crise. Pour s'en convaincre, il suffit de voir les différentes réclamations ou protestations des citoyens à l'adresse de leurs responsables locaux, et ce, dans la majorité des localités de la wilaya. Ainsi, l'affichage des listes de bénéficiaires de logements est synonyme de grogne sociale, voire d'émeute. Il est systématiquement accompagné d'une manifestation de tous les demandeurs de logement qui n'ont pas retrouvé leurs noms sur la liste. Dans certains cas, les citoyens mécontents en arrivent jusqu'à l'occupation du siège de l'APC ou de la daïra qu'ils ferment en exigeant une révision de la liste, une commission d'enquête et/ou la venue du wali et des fois le départ des responsables locaux accusés de favoritisme.Sur un autre registre, les opérations de relogement dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire se soldent souvent par un refus des familles d'occuper les nouveaux logements attribués parce qu'ils sont exigus et ne peuvent abriter toute la famille. Certaines familles de plus de sept membres, à titre d'exemple, se retrouvant dans des F3 refusent de quitter leur habitat précaire pour vivre dans la promiscuité dans un 70m2. D'autres ayant postulé au titre du programme LSP, devenu programme logement aidé, ou celui de la location-vente ne sont pas encore au bout de leur peine. Depuis 2007, il serait une centaine d'enseignants qui attendent toujours le démarrage du chantier de leur logements, ceci, alors que près de 650 logements FNPOS, achevés depuis plus d'un an, tardent à être distribués par la CNEP Immo. S'agissant du logement social locatif, qui est très demandé par les plus démunis, et rien que pour la wilaya de Bouira, sur un total de 13 075 logements inscrits depuis 2004, seuls 2 607 ont été achevés, soit 20%. Cette défaillance n'est pas due au promoteur lui-même, qui est l'Office pour la promotion et la gestion immobilière (OPGI), mais aux entreprises de constructions, lesquelles refusent de soumissionner. Selon certains entrepreneurs, ce refus de prendre des projets de réalisation de logement sociaux est dû au plafonnement des prix des matériaux de constructions qui réduisent la marge bénéficiaire de l'entrepreneur. Mais il y aussi une autre raison qui est, comme nous l'avons déjà évoqué plus haut, l'absence dans ces programmes de mesures incitatives pour les entreprises de réalisation.Concernant le logement rural, les responsables de la DLEP viennent d'indiquer que 21 783 logements sont supposés être réalisés puisque inscrits entre 2002 et 2009. Mais sur ce total, plus de 11 000 aides ne sont pas attribuées à 100% alors que pour le reste, soit 10 000 unités, elles sont déclarées achevées. Mais beaucoup de ces logements ne sont pas encore occupés par les bénéficiaires pour diverses raisons, dont, entre autres, l'incapacité des locataires d'achever les travaux intérieurs ou, pour certains, d'assumer les charges pour le branchement en électricité, gaz et eau. Tous ces problèmes qui ne sont pas pris en charge par les pouvoirs publics rendent ces logements ruraux inhabitables.Conscient de ces problèmes, l'Etat a, semble-t-il, décidé d'y remédier. Ainsi, selon des informations à notre disposition, les différents organismes en charge de la réalisation et de la distribution des logements ont été instruits pour redynamiser la cadence de réalisation, à travers toutes les localités et distribuer les logements dès qu'ils sont achevés. De plus, des mesures de facilitation ont été accordées aux bénéficiaires de logements ruraux en vue de résoudre le problème d'achat de matériaux de construction.Par ailleurs, les demandeurs espèrent que les mesures décidées récemment par le Conseil des ministres seront appliquées judicieusement et en toute équité par les commissions de distribution de logements. Car, il faut souligner, si le secteur de l'habitat, en dépit des différentes formules dégagées, n'arrive toujours pas à juguler la crise du logement, c'est, entre autres, à cause d'une mauvaise application des directives émanant des hautes sphères de l'Etat.