Les pays Opep se concertent sur la situation en Libye et ses conséquences sur le marché pétrolier. Ils ont engagé des discussions sur un éventuel remodelage (relèvement de l'offre) des quotas, signe que l'Opep veut intervenir et apaiser un marché nerveux, suite à la baisse de la production pétrolière libyenne (elle a été réduite de moitié). Le ministre koweïtien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah Al-Sabah, a déclaré que des consultations étaient en cours au sein de l'organisation. Mais, a-t-il ajouté, nous n'avons pas décidé vers où aller. Il a par ailleurs démenti que le Koweït, cinquième producteur de l'Opep, ait augmenté sa production. En tout cas, il n'est pas exclu que des pays comme le Koweït et l'Arabie saoudite, dont les relations politiques sont solides, décident de concert avec d'autres membres de l'organisation de mettre plus de pétrole sur le marché parce qu'ils en ont les moyens, les capacités. L'Arabie a déjà affiché sa volonté de se mettre à contribution, au cas où l'offre libyenne baisserait et que les prix flamberaient de façon préjudiciable pour la croissance de l'économie mondiale. Les troubles en Libye ont été à l'origine d'une envolée spectaculaire des cours de l'or noir (120 dollars le baril) il y a une semaine. La situation s'est cependant tassée, suite aux déclarations rassurantes des pays influents au sein de l'Opep. Hier, par exemple, les prix se stabilisaient à l'ouverture à New York, malgré des spéculations d'augmentation de la production de l'Opep. En valeur, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude pour livraison en avril s'échangeait à 105,57 dollars, en hausse de 13 cents par rapport à la veille. Il avait atteint lundi dernier 106,95 dollars, son plus fort niveau depuis septembre 2008. Le marché a effacé ses pertes, parce que les seuls pays qui peuvent augmenter leur production -l'Arabie saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis - produisent tous du brut plus riche en soufre, plus difficile à raffiner que le brut libyen, a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Les violents combats qui agitent la Libye privent le marché mondial de l'équivalent de 1% de la consommation mondiale. Il est vrai que les cours se situent dans une fourchette jugée raisonnable, mais rien n'indique que cela se maintiendra, durera. Et si la révolte gagnait l'Arabie saoudite ? Ce sera le scénario du pire, s'alarment des observateurs, l'Arabie restant incontestablement une puissante pétrolière dans le monde. Avec neuf millions de barils par jour, elle est la seule à pouvoir produire davantage, en faisant tourner à plein régime ses plateformes pétrolières. Y. S.