Pas de réunion extraordinaire de l'Opep. Chakib Khelil comme les responsables du secteur pétrolier dans les pays du Golfe ont tenu à envoyer un message rassurant. La baisse actuelle des prix, à un peu plus de 75 dollars, 10 dollars de moins en une semaine, ne suscite pas d'inquiétudes exagérées. Le ministre algérien du Pétrole a même pronostiqué un retour vers les 85 dollars en soulignant que les fondamentaux du marché n'expliquent pas la baisse enregistrée ces derniers jours. La même confiance a été affichée par le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, qui a relevé cependant que «l'Opep ne demeurera pas les bras croisés, elle est toujours en mouvement». Bref, en dépit d'une hypothèse évoquée par le ministre koweïtien du Pétrole, il semble bien que l'Opep évitera une réunion extraordinaire et s'en tiendra à la conférence ordinaire prévue en octobre. Il faut quand même souligner que le ministre koweïtien liait la tenue d'une réunion extraordinaire à un prix du baril qui passerait au-dessous de la barre des 65 dollars. Pour l'instant, ce n'est pas le cas malgré la chute sensible enregistrée au cours des derniers jours. A un peu plus de 75 dollars, le prix du baril reste dans la fourchette du «prix juste» qui, selon un consensus au sein de l'Opep, se situe entre 75-90 dollars. Le ministre qatari de l'Energie, Abdallah ben Hamad al-Attiya, a souligné que les fluctuations n'ont rien à voir avec l'offre et la demande. «Les crises grecque et européenne et les pressions sur l'euro ont provoqué une réaction psychologique du marché ( ) Il ne sert à rien de tenir une réunion extraordinaire car quoi que vous fassiez maintenant, le marché ne répondra pas car il est sous une énorme pression psychologique». Bref, un appel à garder son calme et à attendre un retour à la stabilisation. Ce message appelant à ne rien faire doit cependant être relativisé. Il semble que le péché mignon des membres de l'Opep, à savoir le non-respect des quotas, a participé à la baisse des prix. Selon Middle East Economic Survey (MEES), la production de l'OPEP a atteint les 26,8 millions de barils par jour en avril, soit son plus haut niveau depuis 16 mois. L'offre des pays de l'Opep dépasse de deux millions de barils les quotas fixés par l'organisation. Selon MEES, tous les pays membres de l'Opep (sans l'Irak) ont dépassé leurs quotas. Il y a deux semaines, le Koweït appelait à une meilleure discipline de production en faisant valoir que les quotas n'étaient plus respectés qu'à hauteur de 53%. «Je ne suis pas content du respect (des quotas), qui n'est plus que de 53%. Il faudrait plus de discipline », avait déclaré le ministre koweïtien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah Al-Sabah. Il est clair que si une réunion extraordinaire devait avoir lieu, ce ne serait pas pour évoquer une baisse de la production mais pour rétablir la discipline. Une réunion extraordinaire n'est cependant pas nécessaire pour démontrer que les pays de l'Opep doivent, au moins, revenir à un respect strict des quotas.