Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Tayeb Belaïz, a indiqué mardi dernier à Alger, que l'émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), Hassan Hattab, a été placé dans un lieu sûr, alors que Abderezak El Para, également du GSPC, a été placé lundi sous mandat de dépôt, conformément aux dispositions de l'ordonnance présidentielle portant levée de l'état d'urgence. «Nous avons commencé à appliquer les ordonnances présidentielles. Hassan Hattab a été placé dans un lieu sûr, alors que Abderezzak El Para a été placé hier [lundi, ndlr] sous mandat de dépôt» après avoir été écouté par le juge d'instruction, a déclaré en substance, M. Belaïz en marge d'une cérémonie en l'honneur de la femme algérienne. L'ancien chef du groupe salafiste pour la prédication et le combat Amari Saïfi, alias Abderezzak El Para, a été cité à comparaître dans plusieurs affaires de terrorisme, notamment d'adhésion aux groupes terroristes activant à l'intérieur et à l'extérieur du pays, mais n'a pu être jugé car il était en «fuite», tient-on à rappeler. El Para est accusé notamment d'avoir conduit, le 4 janvier 2003, une attaque contre un convoi militaire qui s'est soldée par la mort de quarante-trois soldats, ainsi que le kidnapping de trente-trois touristes étrangers dans le Sud algérien, en 2003. Le 16 mars 2004, il a été capturé avec certains de ses hommes par le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), un groupe d'opposition tchadien. Ils ont été extradés en octobre 2004 par les autorités libyennes et remis à la Police judiciaire algérienne. Il a été jugé successivement en 2005, ensuite en 2007 et en 2008 par le tribunal criminel d'Alger, qui l'a condamné à la réclusion à perpétuité pour «création d'un groupe terroriste armé», mais par contumace, car El Para était considéré par la justice algérienne comme étant toujours «en fuite». Hassan Hattab, quant à lui, a été plusieurs fois jugé et condamné par contumace durant cette période, dont trois fois à la peine capitale. Les chefs d'inculpation retenus contre lui par la justice algérienne étaient notamment «constitution d'un groupe terroriste armé semant la terreur et un climat d'insécurité parmi la population, homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, port d'armes à feu et munitions, vol avec utilisation d'armes à feu et dépôt d'explosifs dans des édifices publics». Il s'était livré aux autorités en septembre 2007, suivant les déclarations du ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, qui a confirmé que Hassan Hattab devait «faire l'objet d'enquêtes préliminaires de la part des services de sécurité avant d'être jugé». Avec la levée de l'état d'urgence, Hassan Hattab et les personnes qui se sont rendus dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, ne seront plus assignés à résidence, comme l'a indiqué récemment le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini. Quant à ceux qui ont été arrêtés dans des affaires liées au terrorisme, ils seront présentés devant la justice algérienne qui tranchera leurs affaires, a-t-il précisé. A noter que l'ordonnance 11-01 du 23 février 2011 portant levée de l'état d'urgence était entrée en application après sa publication au Journal officiel. Un projet d'ordonnance relative à la mise en place d'une protection, pour une certaine catégorie d'inculpés détenant des informations de nature à aider la justice dans la lutte antiterroriste, avait été adopté le 22 février par le Conseil des ministres. Cette disposition concerne exclusivement les faits qualifiés de crime terroriste. «Sa mise en œuvre sera entourée de toutes les garanties prévues par la Constitution, les instruments internationaux ratifiés par l'Algérie, ainsi que la législation pertinente en vigueur, l'inculpé jouissant notamment du droit de communiquer avec son avocat, de faire recours contre la mesure et de recevoir des visites», selon les termes du communiqué du Conseil des ministres. Le placement en «résidence protégée» est limité à trois mois avec la possibilité pour le juge de le renouveler deux fois seulement. A. R.